【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.61)
- Le Code nous défend d'aimer les bêtes, répliqua la grande Aquilina d'un accent ironique.
- Je te croyais plus indulgente pour les militaires, s'écria Euphrasie en riant.
- Sont-elles heureuses de pouvoir abdiquer ainsi leur raison ! s'écria Raphaël.
- Heureuses ! dit Aquilina souriant de pitié, de terreur, en jetant aux deux amis un horrible regard. Ah ! vous ignorez ce que c'est que d'être condamnée au plaisir avec un mort dans le coeur. Contempler en ce moment les salons, c'était avoir une vue anticipée du Pandémonium de Milton. Les flammes bleues du punch coloraient d'une teinte infernale les visages de ceux qui pouvaient boire encore. Des danses folles, animées par une sauvage énergie, excitaient des rires et des cris qui éclataient comme les détonations d'un feu d'artifice. Jonchés de morts et de mourants, le boudoir et un petit salon offraient l'image
d'un champ de bataille. L'atmosphère était chaude de vin, de plaisirs et de paroles. L'ivresse, l'amour, le délire, l'oubli du monde étaient dans les coeurs, sur les visages, écrits sur les tapis, exprimés par le désordre, et jetaient sur tous les regards de légers voiles qui faisaient voir dans l'air des vapeurs enivrantes. Il s'était ému, comme dans les bandes lumineuses tracées par un rayon de soleil, une poussière brillante à travers laquelle se jouaient les formes les plus capricieuses, les luttes les plus grotesques. Çà et là, des groupes de figures enlacées se confondaient avec les marbres blancs, nobles chefs-d'oeuvre de la sculpture qui ornaient les appartements. Quoique les deux amis conservassent encore une sorte de lucidité trompeuse dans les idées et dans leurs organes, un dernier frémissement, simulacre imparfait de la vie, il leur était impossible de reconnaître ce qu'il y avait de réel dans les fantaisies bizarres, de possible dans les tableaux surnaturels qui passaient incessamment devant leurs yeux lassés. Le ciel étouffant de nos rêves, l'ardente suavité que contractent les figures dans nos visions, surtout je ne sais quelle agilité chargée de chaînes, enfin les phénomènes les plus inaccoutumés du sommeil les assaillaient si vivement qu'ils prirent les jeux de cette débauche pour les caprices d'un cauchemar où le mouvement est sans bruit, où les cris sont perdus pour l'oreille. En ce moment le valet de chambre de confiance réussit, non sans peine, à attirer son maître dans l'antichambre, et lui dit à l'oreille :
“法律禁止我们去爱畜类①,”大个子阿姬莉娜用嘲笑的声调回答说。
“我原以为你会对军人更宽大些!”欧弗拉齐笑着嚷道。
“象她们这样能够放弃她们的理性也许是幸福的!”拉法埃尔大声嚷道。
“幸福吗?”阿姬莉娜怀着怜悯的、激动的心情冷笑着向两位朋友狠狠地瞪了一眼,“啊!你们怎能了解一个心里怀念死者,却被迫去寻欢作乐的女人的心境。”
这时候来仔细观察各个客厅的情景,就等于提前见到了弥尔顿的群魔殿②。五味酒的蓝色火焰给还能喝酒的人脸上染上了陰……的颜色。被一股野性的力量激发的疯狂的舞蹈,引起一阵阵象焰火的爆炸声般的狂笑和叫嚷。化装室和小客厅里,出现一派战场上的景色;摆满了死人和垂死的人。美酒,欢乐和谈笑构成热烘烘的气氛。酒醉,爱情,热狂,忘掉世界,这一切都堆在心里,露在脸上,写在地毯上,表现在混乱中,给一切目光蒙上了一层薄纱,使人们看见空气中只有令人沉醉的雾霭。这种景象是动人的,象太阳射进来造成的光带,使发光的尘埃在光带里飞舞,透过尘埃,可以看到种种最奇怪的形态,最滑稽的搏斗。这里那里,一群群男女相互拥抱,与装饰厅堂的名贵大理石雕像简直真假难分。尽管两位朋友在思想和器官上还保持着某种不大可靠的清醒,这是人们最后的战栗,是生命的不完善的模拟,它已不可能使他们辨认出在这些离奇怪诞的幻象中,到底什么是真实的东西,以及在他们的倦眼前不断呈现的超自然景象里,到底有什么客观存在的可能。空中飘荡着我们的种种幻梦,映进我们眼里的是人们面孔上流露的热烈畅快的神态,尤其是搂抱得紧紧的身体的那种说不出的灵活,总之,梦寐中的种种最出人意料的奇怪形象都如此猛烈地向他们袭来,竟使他们把这场荒唐夜宴中的种种纵欲游戏,当做一场动作无声音,叫喊听不见的噩梦中的古怪情景。这时候,一个心腹仆人费了很大劲,才把主人引到前厅,凑着耳朵说:
①法语中蠢材和畜生是一个字,这里说法律禁止我们去爱畜类是句俏皮话。
②群魔殿,见英国诗人弥尔顿(1608—1674)的《失乐园》。