La partie II. La Femme sans coeur
第二章 冷酷的女人
【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.04)
La partie II. La Femme sans coeur
J'allai donc dans un boudoir où, seul, les yeux cuisants, les doigts tremblants, je comptai l'argent de mon père : cent écus ! Evoquées par cette somme, les joies de mon escapade apparurent devant moi, dansant comme les sorcières de Macbeth autour de leur chaudière, mais alléchantes, frémissantes, délicieuses ! je devins un coquin déterminé. Sans écouter ni les tintements de mon oreille, ni les battements précipités de mon coeur, je pris deux pièces de vingt francs que je vois encore ! Leurs millésimes étaient effacés et la figure de Bonaparte y grimaçait. Après avoir mis la bourse dans ma poche, je revins vers une table de jeu en tenant les deux pièces d'or dans la paume humide de ma main, et je rôdai autour des joueurs comme un
émouchet au-dessus d'un poulailler. En proie à des angoisses inexprimables, je jetai soudain un regard translucide autour de moi. Certain de n'être aperçu par aucune personne de connaissance, je pariai pour un petit homme gras et réjoui, sur la tête duquel j'accumulai plus de prières et de voeux qu'il ne s'en fait en mer pendant trois tempêtes. Puis, avec un instinct de scélératesse ou de machiavélisme surprenant à mon âge, j'allai me planter près d'une porte, regardant à travers les salons sans y rien voir. Mon âme et mes yeux voltigeaient autour du fatal tapis vert. De cette soirée date la première observation physiologique à laquelle j'ai dû cette espèce de pénétration qui m'a permis de saisir quelques mystères de notre double nature. Je
tournais le dos à la table où se disputait mon futur bonheur, bonheur d'autant plus profond peut-être qu'il était criminel ; entre les deux joueurs et moi, il se trouvait une haie d'hommes, épaisse de quatre ou cinq rangées de causeurs ; le bourdonnement des voix empêchait de distinguer le son de l'or qui se mêlait au bruit de l'orchestre ; malgré tous ces obstacles, par un privilège accordé aux passions et qui leur donne le pouvoir d'anéantir l'espace et le temps, j'entendais distinctement les paroles des deux joueurs, je connaissais leurs points, je savais celui des deux qui retournait le roi comme si j'eusse vu les cartes ; enfin à dix pas du jeu, je pâlissais de ses caprices. Mon père passa devant moi tout à coup, je compris alors cette parole de l'Ecriture : l'esprit de Dieu passa devant sa face ! J'avais gagné.
“我于是来到一间梳妆室,独自在那里用火热的眼睛和发抖的手指点数我父亲的钱,总共有一百个埃居!一想到这个大数目,我的逃学的快乐情景就出现在我的眼前,就象《麦克白》的女巫围绕她们的大锅在跳舞,那是多么迷人、多么惊心动魄、多么畅快啊!我成了一个不顾一切的无赖。我听不到耳朵里轰鸣的声音,也听不到心头急促的狂跳,我拿了两枚各值二十法郎的金币,我仿佛还看得见它们:金币上的铸造年月已经字迹模糊,拿破仑的头像在做着鬼脸。我把钱包塞进衣袋后,就回到赌桌旁边,我湿润的手心里紧紧攥着那两枚金币,我在赌徒周围徘徊,活象一只老苍鹰在鸡棚的上空盘旋。我心里怀着无法解释的忧虑,突然用半模糊的眼光向周围巡视了一下,确信没有一个熟人看见我之后,便把赌注押在一个矮小肥胖、满面春风的男子一边,并替他做了祷告和祝愿,比他本人在海上遇到三次风暴时所做的还要多。然后,凭着一种在我这个年龄可说是惊人的罪恶本能或者是诡诈心理,我站到一道门的旁边,眼光尽管望着客厅,却什么也看不见。我的灵魂和我的眼睛只在那张致命的绿色的台毯上打转。从这一天晚上起,开始了我对生理现象的最初的观察,通过这种观察,使我能够深入体会,对我们的双重天性的若干神秘现象有所认识。我转过脸背向着那张即将决定我的未来幸福的桌子,这幸福的深度也许并不下于它罪恶的程度;在那两个赌徒和我之间,形成一堵墙,它的厚度足有四五个人排成纵行那么厚,他们都在高谈阔论;说话的嗡嗡声使人无从分辨出和乐队的乐声混在一起的金币的铿锵声;尽管有这一切障碍,由于赌博嗜好赋予人一种特权,使赌徒具有能够摧毁时空限制的权力,我清楚地听到了那两个赌徒的谈话,我知道他们在点数,我知道他们中的一个翻开了他的王牌,就象我亲眼看见他的纸牌似的;总之我站在距离赌桌十步之处,为他们的胜负,心情紧张得面色都发白了。我父亲突然从我身旁走过,于是我懂得了《圣经》上那句话的意思:‘上帝的圣灵正从他的面前走过!’我赌赢了。