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CHAPITRE XXV SUICIDE OU ASSASSINAT ?(1)

时间:2023-10-07来源:互联网 进入法语论坛
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CHAPITRE XXV

SUICIDE OU ASSASSINAT ?

Je n’eus pas le temps de demander des explications à Poirot car au même

moment le capitaine Maitland nous appelait d’en baset nous priait de le rejoindre

immédiatement.

Nous descendîmes l’escalier quatre à quatre.

— Dites donc, Poirot, commença le capitaine, voici une nouvelle

complication : le moine a disparu.

— Le père Lavigny ?

— Oui. Jusqu’ici personne ne s’en était aperçu, quand, voilà un instant,

quelqu’un remarqua qu’on ne l’avait pas vu et nous allâmes dans sa chambre. Son

lit n’a pas été défait et le moine n’a laissé aucune trace après lui.

Je croyais rêver : d’abord l’empoisonnement de miss Johnson, puis la fuite

du père Lavigny.

On appela les domestiques pour les interroger, mais ils ne purent donner

aucun éclaircissement sur le mystère. La veille vers huit heures, il avait dit à un

de ses compagnons qu’il allait faire une petite promenade avant de se coucher.

Personne ne l’avait vu revenir.

Comme d’habitude, la porte cochère avait été fermée et verrouillée à neuf

heures. Or, personne ne se rappelait l’avoir ouverte le matin. Chacun des deux

jeunes domestiques croyait que son collègue s’était chargé de ce soin.

Le père Lavigny était-il rentré la veille au soir ? Avait-il, au cours d’une

récente promenade, découvert quelque indice et voulu procéder à une nouvelle

investigation ? Fallait-il le considérer comme troisième victime ?

Le capitaine se retourna au moment où le docteur Reilly s’approchait,

accompagné de M. Mercado.

— Alors, Reilly, rien de neuf ?

— Si fait. Je viens de vérifier les quantités avec Mercado. C’est bien de

l’acide chlorhydrique provenant du laboratoire.

— Du laboratoire ? Était-il fermé à clef ?

M. Mercado secoua la tête. Ses mains tremblaient et son visage se

contractait. On eût dit une épave humaine.

— Ce n’est pas dans nos habitudes, balbutia-t-il. Comprenez… ici tout le

monde s’en sert à longueur de journée. Je… Personne ne se serait douté…

— Le ferme-t-on à clef pendant la nuit ?

— Oui, ainsi que toutes les autres salles. Les clefs sont accrochées à un clou

dans la salle commune.

— En sorte que celui qui garde la clef de cette salle peut prendre tout le

trousseau ?

— Oui.

— Est-ce une clef ordinaire ?

— Tout à fait.

— Rien ne prouve que miss Johnson n’ait pris elle-même le poison dans le

laboratoire ? demanda le capitaine Maitland.

— Elle ne l’a pas pris ! m’écriai-je d’un ton nettement affirmatif.

Je sentis sur mon bras le contact d’une main. Poirot se tenait derrière moi.

À ce moment, un incident plutôt sinistre se produisit.

Non pas sinistre en lui-même… mais plutôt en raison de l’incongruité des

circonstances actuelles.

Une automobile pénétra dans la cour et un petit homme, portant un casque

colonial et un trench-coat court et épais, en descendit lentement.

Il alla droit vers le Dr Leidner, debout près du Dr Reilly, et lui serra

chaleureusement la main.

— Vous voilà, mon cher ! s’écria-t-il. Enchanté de vous voir. J’ai passé par

ici samedi après-midi, me rendant chez les Italiens à Fugima. J’ai visité vos

excavations, mais sans y rencontrer un seul Européen. Hélas ! je ne connais pas la

langue arabe et je n’ai pas eu le temps de pousser jusqu’à la maison. Ce matin à

cinq heures j’ai quitté Fugima, je passerai deux heures ici en votre compagnie

avant de rejoindre le convoi. Eh bien ! comment vont les travaux ?

C’était lugubre.

Le ton joyeux, les façons allègres de cet homme qui arrivait d’un monde

normal, blessèrent nos sentiments. Ignorant tout du drame, ce personnage nous

tombait dessus avec une bonne humeur exubérante.

Rien d’étonnant si le Dr Leidner ne proféra qu’un son inarticulé et, se

tournant vers le Dr Reilly, lui adressa du regard un appel suppliant.

Le docteur se montra à la hauteur des circonstances.

Il emmena le petit homme à l’écart et le mit au courant des événements.

J’appris par la suite que ce visiteur était un archéologue français nommé

Verrier qui explorait les îles de la Grèce.

Verrier demeura terrifié. Lui-même avait séjourné quelque temps dans un

chantier italien, loin de toute vie civilisée.

Il se prodigua en condoléances, et en excuses et, s’élançant vers le

Dr Leidner, lui serra chaleureusement les mains.

— Quelle tragédie ! Mon Dieu, quelle tragédie ! Les mots me manquent…

Mon pauvre collègue !

Et, secouant la tête devant l’inutilité de ses efforts pour exprimer autrement

sa pensée, le petit homme grimpa dans sa voiture et nous quitta.

Cet intermède gai au milieu du chagrin général, nous parut plus cruel que le

drame lui-même.


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