【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin(1.56)
Et ils vidèrent leurs calices de science, de gaz carbonique, de parfums, de poésie et d'incrédulité.
- Si ces messieurs veulent passer dans le salon, le café les y attend, dit le maître d'hôtel.
En ce moment presque tous les convives se roulaient au sein de ces limbes délicieuses où les lumières de l'esprit s'éteignent, où le corps délivré de son tyran
s'abandonne aux joies délirantes de la liberté. Les uns arrivés à l'apogée de l'ivresse restaient mornes et péniblement occupés à saisir une pensée qui leur attestât
leur propre existence, les autres plongés dans le marasme produit par une digestion alourdissante niaient le mouvement. D'intrépides orateurs disaient encore de vagues paroles dont le sens leur échappait à eux-mêmes. Quelques refrains retentissaient comme le bruit d'une mécanique obligée d'accomplir sa vie factice et sans âme. Le silence et le tumulte s'étaient bizarrement accouplés. Néanmoins, en entendant la voix sonore du valet qui, à défaut d'un maître, leur annonçait des joies nouvelles, les convives se levèrent entraînés, soutenus ou portés les uns par les autres. La troupe entière resta pendant un moment immobile et charmée sur le seuil de la porte.Les jouissances excessives du festin pâlirent devant le chatouillant spectacle que l'amphitryon offrait au plus voluptueux de leurs sens. Sous les étincelantes bougies d'un lustre d'or, autour d'une table chargée de vermeil, un groupe de femmes se présenta soudain aux convives hébétés dont les yeux s'allumèrent comme autant de diamants. Riches étaient les parures, mais plus riches encore étaient ces beautés éblouissantes devant lesquelles disparaissaient toutes les merveilles de ce palais.
Les yeux passionnés de ces filles, prestigieuses comme des fées, avaient encore plus de vivacité que les torrents de lumière qui faisaient resplendir les reflets satin
és des tentures, la blancheur des marbres et les saillies délicates des bronzes. Le coeur brûlait à voir les contrastes de leurs coiffures agitées et de leurs
attitudes, toutes diverses d'attraits et de caractère. C'était une haie de fleurs mêlées de rubis, de saphirs et de corail ; une ceinture de colliers noirs sur des
cous de neige, des écharpes légères flottant comme les flammes d'un phare, des turbans orgueilleux, des tuniques modestement provoquantes. Ce sérail offrait des
séductions pour tous les yeux, des voluptés pour tous les caprices. Posée à ravir, une danseuse semblait être sans voile sous les plis onduleux du cachemire. Là une gaze diaphane, ici la soie chatoyante cachaient ou révélaient des perfections mystérieuses. De petits pieds étroits parlaient d'amour, des bouches fraîches et rouges se taisaient. De frêles et décentes jeunes filles, vierges factices dont les jolies chevelures respiraient une religieuse innocence se présentaient aux regards comme des apparitions qu'un souffle pouvait dissiper. Puis des beautés aristocratiques au regard fier, mais indolentes, mais fluettes, maigres, gracieuses, penchaient la tête comme si elles avaient encore de royales protections à faire acheter. Une Anglaise, blanche et chaste figure aérienne, descendue des nuages d'Ossian, ressemblait à un ange de mélancolie, à un remords fuyant le crime. La Parisienne dont toute la beauté gît dans une grâce indescriptible, vaine de sa toilette et de son esprit, armée de sa toute-puissante faiblesse, souple et dure, sirène sans coeur et sans passion, mais qui sait artificieusement créer les trésors de la passion et contrefaire les accents du coeur, ne manquait pas à cette périlleuse assemblée où brillaient encore des Italiennes tranquilles en apparence et consciencieuses dans leur félicité,de riches Normandes aux formes magnifiques, des femmes méridionales aux cheveux noirs, aux yeux bien fendus. Vous eussiez dit des beautés de Versailles convoquées parLebel, ayant dès le matin dressé tous leurs pièges, arrivant comme une troupe d'esclaves orientales réveillées par la voix du marchand pour partir à l'aurore. Ellesrestaient interdites, honteuses, et s'empressaient autour de la table comme des abeilles qui bourdonnent dans l'intérieur d'une ruche. Cet embarras craintif, reproche et coquetterie tout ensemble, était ou quelque séduction calculée ou de la pudeur involontaire. Peut-être un sentiment que la femme ne dépouille jamais complètement leur ordonnait-il de s'envelopper dans le manteau de la vertu pour donner plus de charme et de piquant aux prodigalités du vice. Aussi la conspiration ourdie par le vieux Taillefer sembla-t-elle devoir échouer. Ces hommes sans frein furent subjugués tout d'abord par la puissance majestueuse dont est investie la femme. Un murmure d'admiration résonna comme la plus douce musique. L'amour n'avait pas voyagé de compagnie avec l'ivresse ; au lieu d'un ouragan de passions, les convives surpris dans un moment de faiblesse s'abandonnèrent aux délices d'une voluptueuse extase. A la voix de la poésie qui les domine toujours, les artistes étudièrent avec bonheur les nuances délicates qui distinguaient ces beautés choisies.
于是他们便举起原来喝光了他们那混合着科学,碳酸气,香料,诗歌和异端邪说的醇酒。
“如果诸位先生愿意到客厅里去,那里的咖啡已经准备好了。”管事的仆人说。
这时候,几乎所有的宾客都沉湎在一种甜蜜的混沌境界,这儿理智的光辉熄灭了,肉体从自己的暴君手中解放出来,委身于自由的疯狂享乐。有些人已醉到了极点,神情沮丧,还勉强设法抓住一个思想,借以证明他们本身的存在;有些人肚子饱得不能再饱,由于过重的消化负担,陷在极度的疲劳里,连动都不想动了。几个勇敢的演说家,还在放空炮,连他们自己都不知道在说些什么。不时听到的几声叠句,好比没有生命的机械转动时,无可奈何地发出的若断若续的响声。沉寂和喧嚣奇怪地配合在一起。虽然如此,当仆人代替主人以响亮的声音向宾客宣告新的享乐节目即将开始时,他们都站了起来,彼此拉扯,相互扶持,大家你挤我拥的。整个队伍有一瞬间象着了迷似的,在门槛上愣住了。
宴会穷奢极侈的排场,此刻在东道主奉献给他们的感官的最肉感的景象面前,不禁黯然失色了。在一座烛光四射的镀金的大吊灯的照耀下,在一张朱红金漆桌子的周围,有一群女子突然出现在这些发呆的宾客面前,她们的眼睛象钻石般发出光芒。她们身上的珠宝富丽堂皇,但是,更富丽的是她们本人的美貌,在这群明艳照人的美女面前,这座豪华大厦里的一切奇珍异宝都显得毫无价值了。这群美女热情的眼睛,象仙女的眼睛一般迷人,它们的光彩较之在无数的光涛照耀下反映出的帷幔的绿光,云石的白光,青铜器皿柔和的闪光还更鲜艳。看了她们各式各样动人的发式和姿态,全都各有魅力和特点,人们就会禁不住心中的欲火。这是一堵花墙,混杂着红宝石,蓝宝石和珊瑚的装饰品,黑色的缎带象项链般围在雪白的脖子上,轻飘飘的披肩,象灯塔上飘荡的火炬,头上的纱巾显出骄傲的神态,紧身的长袍在含蓄地挑逗情欲。
这是一群堪与苏丹后宫的宫女媲美的美女,她们能迷惑一切人的眼睛和满足各种奇特的情欲。一个姿态非常迷人的舞女,在轻柔的开司米披肩波状褶纹遮盖下,仿佛一丝不挂。这里那里,只见她们或是一片透明的轻纱裹体,或是一块闪光的丝绢遮身,使玉体最美妙神秘的地方若隐若现。她们娇小的双脚象在谈情说爱,她们鲜艳朱红的嘴唇反而一声不响。这群窈窕端庄的少女,这些冒牌的处女,她们美丽的头发散发出一股宗教的圣洁气息,她们整个形象让人看来象是一口气就可以吹散的美艳的幽灵。这之外,便是一些眼神骄傲的贵族美女,但是,她们神态冷漠,体质纤弱瘦削,优雅地侧着头儿,那种神气好象还有王室的保护,使人买她们的账。有一位英国女郎,肌肤雪白,品貌贞洁,象莪相①诗歌中描绘的天上下凡的少女,她象一位忧郁的天使,又象是躲避罪恶的悔恨者。而巴黎女人全部的美却寄托于一种无法形容的媚态,她的装束和禀性都是轻浮的,她的全能武器就是娇柔,她软硬兼备,她是没有心肝没有热情的妖艳女人,但她却懂得人为地制造种种激情的财宝,伪装出发自真心的声调,在这个危险的聚会上这类女人是少不了的,在这里大放光彩的还有表面安详,骨子里却对自己的幸福很认真的意大利姑娘,体态健美的诺曼底富家女子和黑头发大眼睛的南方姑娘。你会以为这群姑娘是勒贝尔②设法替主子弄进凡尔赛宫的美女哩。她们一早就布置好了她们的情网,来到这里就象一群被奴隶贩子的声音叫醒,以便在黎明时向市场出发的东方女奴。她们默不作声,羞答答的样子,在桌子周围忙做一团,就象一群在蜂窠里嗡嗡作响的蜜蜂。她们这种怯生生的拘谨,抱怨和撒娇混在一起的神情,你可以说这是经过精心策划的迷魂阵,也可以说是自然流露的羞耻之心。也许这是女人永远无法完全摆脱的感情在命令她用道德的外衣做掩护,以便给荒滢带来更多的情趣和更大的刺激。因此,老泰伊番精心策划的陰谋,似乎非失败不可了。这群失去控制的男人,果然一下子就被女人所赋有的伟大力量征服了。一阵悄悄的赞叹声在回响,象一种最柔和美妙的音乐。爱情和醉酒是不能并驾齐驱的;这些宾客们本以为狂欢的肉欲享受就在眼前,忽然觉得自己周身无力,只好放弃了无上快乐的肉欲陶醉。艺术家们受到永远统治他们的诗神的召唤,正在愉快地捉摸使这群上选的美女各具异彩的种种微妙色调。
①莪相,传说中的三世纪时歌颂英雄勋业的苏格兰抒情诗人。
②勒贝尔,法王路易十五的侍臣。