【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.30)
La partie II. La Femme sans coeur
- " Bah ! Foedora ou la mort ! criai-je au détour d'un pont. Foedora, c'est la fortune ! "
Le beau boudoir gothique et le salon à la Louis XIV passèrent devant mes yeux ; je revis la comtesse avec sa robe blanche, ses grandes manches gracieuses, et sa séduisante démarche, et son corsage tentateur. Quand j'arrivai dans ma mansarde nue, froide, aussi mal peignée que la perruque d'un naturaliste, j'étais encore environné par les images du luxe de Foedora. Ce contraste était un mauvais conseiller, les crimes doivent naître ainsi. Je maudis alors, en frissonnant de rage, ma décente et honnête misère, ma mansarde féconde où tant de pensées avaient surgi. Je demandai compte à Dieu, au diable, à l'Etat social, à mon père, à l'univers entier, de ma destinée, de mon malheur ; je me couchai tout affamé, grommelant de risibles imprécations, mais bien résolu de séduire Foedora. Ce coeur de femme était un dernier billet de loterie chargé de ma fortune.
Je te ferai grâce de mes premières visites chez Foedora, pour arriver promptement au drame. Tout en tâchant de m'adresser à l'âme de cette femme, j'essayai de gagner son esprit, d'avoir sa vanité pour moi ; afin d'être sûrement aimé, je lui donnai mille raisons de mieux s'aimer elle-même, jamais je ne la laissai dans un état d'indifférence ; les femmes veulent des émotions à tout prix, je les lui prodiguai ; je l'eusse mise en colère plutôt que de la voir insouciante avec moi. Si d'abord, animé d'une volonté ferme et du désir de me faire aimer, je pris un peu d'ascendant sur elle, bientôt ma passion grandit, je ne fus plus maître de moi, je tombai dans le vrai, je me perdis et devins éperdument amoureux. Je ne sais pas bien ce que nous appelons, en poésie ou dans la conversation, amour ; mais le sentiment qui se développa tout à coup dans ma double nature, je ne l'ai trouvé peint nulle part, ni dans les phrases rhétoriques et apprêtées de J.-J. Rousseau de qui j'occupais peut-être le logis, ni dans les froides conceptions de nos deux siècles littéraires, ni dans les tableaux de l'Italie. La vue du lac de Brienne, quelques motifs de Rossini, la Madone de Murillo que possède le maréchal Soult, les lettres de la Lescombat, certains mots épars dans les recueils d'anecdotes, mais surtout les prières des extatiques et quelques passages de nos fabliaux, ont pu seuls me transporter dans les divines régions de mon premier amour.
Rien dans les langages humains, aucune traduction de la pensée faite à l'aide des couleurs, des marbres, des mots ou des sons, ne saurait rendre le nerf, la vérité, le fini, la soudaineté du sentiment dans l'âme ! Oui ! qui dit art, dit mensonge. L'amour passe par des transformations infinies avant de se mêler pour toujours à notre vie et de la teindre à jamais de sa couleur de flamme. Le secret de cette infusion imperceptible échappe à l'analyse de l'artiste. La vraie passion s'exprime par des cris, par des soupirs ennuyeux pour un homme froid. Il faut aimer sincèrement pour être de moitié dans les rugissements de Lovelace, en lisant Clarisse Harlowe. L'amour est une source naïve, partie de son lit de cresson, de fleurs, de gravier, qui rivière, qui fleuve, change de nature et d'aspect à chaque flot, et se jette dans un incommensurable océan où les esprits incomplets voient la monotonie, où les grandes âmes s'abîment en de perpétuelles contemplations.
“‘别管它!要么得到馥多拉,要不然就死去!……’我在一座桥的转弯处嚷道,‘馥多拉,这就意味着财富!’
“这时,那间美丽的哥特式梳妆室和路易十四时代的客厅又出现在我的眼前,我重新看到穿着白色长袍的伯爵夫人,她的宽大雅致的袖子,她那动人的步伐,迷人的胸脯。当我头发凌乱,象戴着一位自然科学家的假发那样,回到我光秃秃的冰冷的阁楼时,我还在为馥多拉的豪华形象所陶醉。这种处境的明显对比,是一位很坏的参谋,罪恶就是从这里产生的。我为这一切气得发抖,我咒骂我的正派、诚实的贫穷和这间丰产的阁楼,在这儿曾产生了我的许多学术思想。我在向上帝,向恶魔,向社会,向我父亲,向整个宇宙要求说明我的命运,我的不幸的原因;我饿着肚子上床睡觉,嘴里还嘟囔着可笑的诅咒,但是,我却下定决心要把馥多拉弄到手。这颗女人的心便是决定我的命运的最后一张彩票。
“为了使故事迅速进入戏剧性的阶段,我给你略去了我最初几次拜访馥多拉的情况。我在努力打动这个女人的感情,企图博取她的欢心,并让她觉得我的成名会满足她的虚荣心。总之,为了使她确确实实地爱我,我不惜千言万语苦劝她更好地珍惜自己的青春美貌!我从来不让她感到被冷落;女人们需要得到各种感情,不惜付出任何代价,我就尽量给她提供这种激动情绪;因此,我宁愿使她生气,也不让她对我无动于衷。如果在开始时,因为我抱有坚强的意志和务必使她爱我的欲望,我曾经对她稍占了点上风,可是,不久我的热情就爆发了,我再也无法控制,我竟真正地、丧魂失魄地、以致无可奈何地迷恋着她了。我不很清楚在诗歌中或谈话里,我们把爱情叫做什么;但是,在我的双重人格里突然发展起来的感情,我却既没有在任何地方找到对它的描绘,也没有在修辞学的句子和卢梭的词藻里发现过。说到卢梭,也许我现在住的房子,就是他从前住过的,我没有在两世纪以来我们的冷冰冰的文学概念里,也没有在意大利的绘画中找到它,但在比安湖的风景里,在罗西尼乐章的某些主题中,在苏尔①元帅珍藏的牟利罗的圣母像上,在莱斯孔巴②的书信中,在奇谈秘事集里散见的片言只字中,特别是在狂热教徒的祈祷文和我们的韵文故事集里的某些段落中,才能把我领到我初恋的神圣境界里。
“没有任何人类的语言,没有任何借助于颜色、大理石、文字和声音以表达思想的东西,能够体现灵魂里的力量、真实、完善和突出的情感!是的!谁谈论艺术,谁就在说谎。爱情在和我们的生活永远打成一片,并最后给它染上火红的颜色之前,曾经过无数的变形。这种看不见的渗透的秘密,躲过了艺术家的分析。对一个冷漠的人来说,真正的激情是用叫喊和使人讨厌的叹息来表达的。只有真诚地恋爱的人在阅读《克拉丽莎·哈洛》③的时候,才能对洛弗拉斯的咆哮有所体会。爱情是一股纯洁的泉水,它从长着水芹和花草,充满砂砾的河床出发,在每次泛滥中改变性质和外形,或成小溪或成大河,最后奔流到汪洋大海中,在那里,精神贫乏的人只看见它的单调,心灵高尚的人便沉溺于不断的默想中。
①苏尔(1769—1851),法国元帅,他在路易-菲力浦王朝当过陆军部长和外交部长。
②莱斯孔巴是十八世纪轰动一时的一件刑事诉讼案中的女主角。她指使情人谋杀了自己的丈夫。
③《克拉丽莎·哈洛》是英国作家理查逊(1689—1761)的小说,洛弗·斯是该小说中的一个道德败坏,专善诱骗女人的青年贵族。