【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.31)
La partie II. La Femme sans coeur
Comment oser décrire ces teintes transitoires du sentiment, ces riens qui ont tant de prix, ces mots dont l'accent épuise les trésors du langage, ces regards plus féconds que les plus riches poèmes ? Dans chacune des scènes mystiques par lesquelles nous nous éprenons insensiblement d'une femme, s'ouvre un abîme à engloutir toutes les poésies humaines. Eh ! comment pourrions-nous reproduire par des gloses les vives et mystérieuses agitations de l'âme, quand les paroles nous manquent pour peindre les mystères visibles de la beauté ? Quelles fascinations ! Combien d'heures ne suis-je pas resté plongé dans une extase ineffable occupé à la voir !
Heureux, de quoi ? je ne sais. Dans ces moments, si son visage était inondé de lumière, il s'y opérait je ne sais quel phénomène qui le faisait resplendir ; l'imperceptible duvet qui dore sa peau délicate et fine en dessinait mollement les contours avec la grâce que nous admirons dans les lignes lointaines de l'horizon quand elles se perdent dans le soleil. Il semblait que le jour la caressât en s'unissant à elle, ou qu'il s'échappât de sa rayonnante figure une lumière plus vive que la lumière même ; puis une ombre passant sur cette douce figure y produisait une sorte de couleur qui en variait les expressions en en changeant les teintes. Souvent une pensée semblait se peindre sur son front de marbre ; son oeil paraissait rougir, sa paupière vacillait, ses traits ondulaient agités par un sourire ; le corail intelligent de ses lèvres s'animait, se dépliait, se repliait ; je ne sais quel reflet de ses cheveux jetait des tons bruns sur ses tempes fraîches ; à chaque accident, elle avait parlé.
Chaque nuance de beauté donnait des fêtes nouvelles à mes yeux, révélait des grâces inconnues à mon coeur. Je voulais lire un sentiment, un espoir, dans toutes ces phases du visage. Ces discours muets pénétraient d'âme à âme comme un son dans l'écho, et me prodiguaient des joies passagères qui me laissaient des impressions profondes. Sa voix me causait un délire que j'avais peine à comprimer. Imitant je ne sais quel prince de Lorraine, j'aurais pu ne pas sentir un charbon ardent au creux de ma main pendant qu'elle aurait passé dans ma chevelure ses doigts chatouilleux. Ce n'était plus une admiration, un désir, mais un charme, une fatalité. Souvent, rentré sous mon toit, je voyais indistinctement Foedora chez elle, et participais vaguement à sa vie ; si elle souffrait, je souffrais, et je lui disais le lendemain : - " Vous avez souffert ! "
“我怎么敢把这些随时变幻的感情色彩,这些微不足道却富有价值的琐事,这些温馨语言之宝库尚不够显示其声调的言词,这些比之最富丽的诗篇还更丰富多采的眼神,来一一加以描绘呢?当我们不知不觉地狂恋上一个女人,在所有爱情的神秘场景中的每个场景,都有一个张开大口的深渊,足以吞没人类所有的诗篇,唉!当我们对可以看到的美的奥妙,还缺乏语言来描绘的时候,怎么能够用疏注来再现灵魂的强烈和神秘的激动呢?这是多么迷人的情景啊!我完全陶醉在一种无法形容的忘我状态中,专心致志地看着她,竟不知道过了多少时辰!
“高兴,高兴什么?我不知道。在这些时刻里,如果她的脸部被光线照亮,就会产生一种特殊现象,使得这张面孔显得分外鲜艳;那些使她脸部细致柔嫩的皮肤好象发出金光的纤细汗毛,便温柔地烘托出她脸部轮廓的美妙,就象浴在阳光中的远方地平线一般令人叹赏。阳光似乎在爱抚她,和她融成一体,或者是从她那明艳照人的脸上放射出一种比光线本身还要强烈的光;后来,一个陰影从这张温柔的面孔上掠过,便在上面产生某种颜色,这种颜色随着表情的变化而改变色调。常常,在她云石般洁白的前额上,似乎描绘出某种思想;她的眼睛发红,她的眼睑闪动,她的脸部线条因微笑而波动;她那灵巧的珊瑚般红润的嘴唇翕动着,时而张开,时而闭上;我不知道在她的头发上有种什么光泽,每当她说话时,两边鲜妍的太阳袕上,因为震动而投射出一种棕黑的色调。
“她的每种不同的娇媚都给我的眼睛带来新的欢乐,在我的心中唤起前所未有的优美的感受。我想从她脸部的各种表情中看出某一种感情,某一个希望。这些无声的谈话,从一个灵魂透过另一个灵魂,仿佛是一个声音发出了回响,给我带来暂时的快乐,却给我留下了深刻的印象。她的声音使我产生一种难以抑制的兴奋。我已回想不起是在摹仿洛林①的哪一位王子,如果她用使人发痒的手指插在我的头发里轻轻抚摩的话,我可能不会觉察到自己手心里握着一块炽炭哩。这已不仅是一种爱慕,一种欲望,而是一种魅力,一种宿命了。常常在我回到家里的时候,我还模糊地看见馥多拉在她家里,而且我仿佛也参与了她的生活;要是她感觉不适,我也会感到不舒适,第二天我就会对她说:“'您不舒服啦!’
①洛林家族是从中世纪起就拥有洛林地区的王族。