【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.44)
La partie II. La Femme sans coeur
Ils vantaient charitablement mon esprit aux dépens de ma sensibilité. " Est-il heureux de ne pas aimer ! s'écriaient-ils. S'il aimait, aurait-il autant de gaieté, de verve ?
" J'étais cependant bien amoureusement stupide en présence de Foedora ! Seul avec elle, je ne savais rien lui dire, ou si je parlais, je médisais de l'amour ; j'étais tristement gai comme un courtisan qui veut cacher un cruel dépit. Enfin, j'essayai de me rendre indispensable à sa vie, à son bonheur, à sa vanité : tous les jours près d'elle, j'étais un esclave, un jouet sans cesse à ses ordres. Après avoir ainsi dissipé ma journée, je revenais chez moi pour y travailler pendant les nuits, ne dormant guère que deux ou trois heures de la matinée. Mais n'ayant pas, comme Rastignac, l'habitude du système anglais, je me vis bientôt sans un sou. Dès lors, mon cher ami, fat sans bonnes fortunes, élégant sans argent, amoureux anonyme, je retombai dans cette vie précaire, dans ce froid et profond malheur soigneusement caché sous les trompeuses apparences du luxe. Je ressentis alors mes souffrances premières, mais moins aiguës : je m'étais familiarisé sans doute avec leurs terribles crises. Souvent les gâteaux et le thé, si parcimonieusement offerts dans les salons, étaient ma seule nourriture. Quelquefois, les somptueux dîners de la comtesse me substantaient pendant deux jours. J'employai tout mon temps, mes efforts et ma science d'observation à pénétrer plus avant dans l'impénétrable caractère de Foedora.
Jusqu'alors, l'espérance ou le désespoir avaient influencé mon opinion, je voyais en elle tour à tour la femme la plus aimante ou la plus insensible de son sexe ; mais ces alternatives de joie et de tristesse devinrent intolérables : je voulus chercher un dénoûment à cette lutte affreuse, en tuant mon amour. De sinistres lueurs brillaient parfois dans mon âme et me faisaient entrevoir des abîmes entre nous. La comtesse justifiait toutes mes craintes, je n'avais pas encore surpris de larmes dans ses yeux ; au théâtre une scène attendrissante la trouvait froide et rieuse, elle réservait toute sa finesse pour elle, et ne devinait ni le malheur ni le bonheur d'autrui. Enfin elle m'avait joué ! Heureux de lui faire un sacrifice, je m'étais presque avili pour elle en allant voir mon parent le duc de Navarreins, homme égoïste qui rougissait de ma misère et qui avait de trop grands torts envers moi pour ne pas me haïr ; il me reçut donc avec cette froide politesse qui donne aux gestes et aux paroles l'apparence de l'insulte, son regard inquiet excita ma pitié. J'eus honte pour lui de sa petitesse au milieu de tant de grandeur, de sa pauvreté au milieu de tant de luxe. Il me parla des pertes considérables que lui occasionnait le trois pour cent, je lui dis alors quel était l'objet de ma visite. Le changement de ses manières qui de glaciales devinrent insensiblement affectueuses, me dégoûta. Eh ! bien, mon ami, il vint chez la comtesse, il m'y écrasa. Foedora trouva pour lui des enchantements, des prestiges inconnus ; elle le séduisit, traita sans moi cette affaire mystérieuse de laquelle je ne sus pas un mot : j'avais été pour elle un moyen ! ... Elle paraissait ne plus m'apercevoir quand mon cousin était chez elle, elle m'acceptait alors avec moins de plaisir peut-être que le jour où je lui fus présenté.
他们夸奖我的智慧,是为了贬低我的感情,‘他不恋爱是多么快乐!’他们嚷道,‘要是他恋爱,还能这么愉快,这么兴致勃勃么?’
“可是,我在馥多画面前却是多么痴情呵!单独和她一起,我什么话也说不出来,或者,要是我说话,我就诽谤爱情;我的快乐也只是凄惨的快乐,象一个侍臣想要隐藏心中的怨恨。总之,我力图使自己成为她的生活,她的幸福,她的虚荣所必不可少的人;我每天在她的身边,简直是个奴隶,是个玩具,不断地听从她的命令。我白天这样浪费了时间后,便回到家里,在晚上工作,直到清晨才睡上两三个钟头。可是,我没象拉斯蒂涅那样,习惯于运用英国方式,不久我便囊空如洗了。从那时候起,亲爱的朋友,我是自负但无运气,漂亮而无钱财,恋爱而不敢公开,我再次堕入朝不保夕的生活,堕入巧妙地隐藏在骗人的表面奢华下的冷酷而深重的不幸里了。我重新尝到了当初的痛苦,但是,这回没有那么尖锐;无疑是因为已经习惯于这种痛苦的可怕滋味。经常是别人客厅里那么吝啬地供应的糕点和茶水,成了我唯一的食粮。有时候,伯爵夫人的一次豪华宴会,也能够维持我两天的生命。我利用了我的全部时间,一切努力和我的观察能力,去更进一步探究馥多拉的不可捉摸的性格。
“在这之前,希望和失望曾经影响过我对她的看法,在我看来,时而觉得她是最可爱的女人,时而觉得她是女性中最无情的尤物;但是,这种欢快和悲哀的交替,竟到了不可忍受的程度;我为了给这种残酷斗争找到一个结局,宁愿牺牲我的爱情。
有时不祥的亮光在我的灵魂里闪耀,使我隐约看见了存在于我们之间的深渊。伯爵夫人证实了我的种种忧虑;我还没有无意中发现过她流眼泪;在戏院里,对一场感人的戏,她的反应只是冷漠和嬉笑。她为自己保留一切精细的打算,既不关心别人的灾难,也不关心别人的幸福。总而言之,在她那方面是耍弄了我。我却以能够为她作出牺牲而高兴。因此,我差不多是怀着为她而糟蹋自己的心情去看我的亲戚纳瓦兰公爵的,他是个自私自利的人,对我的穷困感到耻辱,而且他对我实在太坏,已到了不能不恨我的程度;他接待我时那种冷冰冰的礼貌,使他的话语和手势都含有侮辱之意;他的不安的眼神引起了我的怜悯。看到他置身于如此尊贵、豪华的环境,竟然表现得如此小器、寒酸,我实在为他害羞。他竟和我谈起他最近在三分利息的公债券上受到相当大的损失;我只得把我为什么要来拜访他的目的说清楚。他的态度这才由冷酷变成了亲热,他这种嘴脸使我感到恶心。哎,我的朋友,他到伯爵夫人家里来啦,在她家里,他竟把我踩在脚底下了。馥多拉对他施展出了浑身解数,以前所未有的魅力来诱惑他,他给迷住了。他背着我和她商量那桩神秘的事件,对这件事,她没有给我透露半个字。我? 不过是被她利用的一个工具!……当我的表兄在她家里时,她好象再也没有眼睛看我了,这时候,她对我的接待,也许还不及她第一次见我时那么有兴致。