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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.09)

时间:2012-09-19来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:【法语阅读驴皮记】La peau de chagrin (2.09) La partie II. La Femme sans coeur Pendant l'anne o je fus jet par mon pre dans le tourbillon de la grande socit, j'y vins avec un coeur neuf, avec une me frache. Comme tous les grands
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【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin  (2.09)


La partie II. La Femme sans coeur   


 Pendant l'année où je fus jeté par mon père dans le tourbillon de la grande société, j'y vins avec un coeur neuf, avec une âme fraîche. Comme tous les grands enfants, j'aspirai secrètement à de belles amours. Je rencontrai parmi les jeunes gens de mon âge une secte de fanfarons qui allaient tête levée, disant des riens, s'asseyant sans trembler près des femmes qui me semblaient les plus imposantes, débitant des impertinences, mâchant le bout de leurs cannes, minaudant, se prostituant à
eux-mêmes les plus jolies personnes, mettant ou prétendant avoir mis leurs têtes sur tous les oreillers, ayant l'air d'être au refus du plaisir, considérant les plus vertueuses, les plus prudes comme de prise facile et pouvant être conquises à la simple parole, au moindre geste hardi, par le premier regard insolent ! je te le déclare, en mon âme et conscience, la conquête du pouvoir ou d'une grande renommée littéraire me paraissait un triomphe moins difficile à obtenir qu'un succès auprès d'une femme de haut rang, jeune, spirituelle et gracieuse. Je trouvai donc les troubles de mon coeur, mes sentiments, mes cultes en désaccord avec les maximes de la société. J'avais de la hardiesse, mais dans l'âme seulement, et non dans les manières. J'ai su plus tard que les femmes ne voulaient pas être mendiées ; j'en ai beaucoup vu que j'adorais de loin, auxquelles je livrais un coeur à toute épreuve, une âme à déchirer, une énergie qui ne s'effrayait ni des sacrifices, ni des tortures ; elles appartenaient à des sots de qui je n'aurais pas voulu pour portiers.
     Combien de fois, muet, immobile, n'ai-je pas admiré la femme de mes rêves, surgissant dans un bal ; dévouant alors en pensée mon existence à des caresses éternelles, j'imprimais toutes mes espérances en un regard, et lui offrais dans mon extase un amour de jeune homme qui courait au-devant des tromperies. En certains moments, j'aurais donné ma vie pour une seule nuit. Eh ! bien, n'ayant jamais trouvé d'oreilles où jeter mes propos passionnés, de regards où reposer les miens, de coeur pour mon coeur, j'ai vécu dans tous les tourments d'une impuissante énergie qui se dévorait elle-même, soit faute de hardiesse ou d'occasions, soit inexpérience. Peut-être ai-je désespéré de me faire comprendre, ou tremblé d'être trop compris. Et cependant j'avais un orage tout prêt à chaque regard poli que l'on pouvait m'adresser. Malgré ma promptitude à prendre
ce regard ou des mots en apparence affectueux comme de tendres engagements, je n'ai jamais osé ni parler ni me taire à propos. A force de sentiment ma parole était insignifiante, et mon silence devenait stupide. J'avais sans doute trop de naïveté pour une société factice qui vit aux lumières, qui rend toutes ses pensées par des phrases convenues, ou par des mots que dicte la mode. Puis je ne savais point parler en me taisant, ni me taire en parlant.
    Enfin, gardant en moi des feux qui me brûlaient, ayant une âme semblable à celles que les femmes souhaitent de rencontrer, en proie à cette exaltation dont elle sont avides, possédant l'énergie dont se vantent les sots, toutes les femmes m'ont été traîtreusement cruelles. Aussi, admirais-je naïvement les héros de coterie quand ils célébraient leurs triomphes, sans les soupçonner de mensonge. J'avais sans doute le tort de désirer un amour sur parole, de vouloir trouver grande et forte dans un coeur de femme frivole et légère, affamée de luxe, ivre de vanité, cette passion large, cet océan qui battait tempêtueusement dans mon coeur. Oh ! se sentir né pour aimer, pour rendre une femme bien heureuse, et n'avoir trouvé personne, même pas une courageuse et noble Marceline ou quelque vieille marquise ! Porter des trésors dans une besace et ne pouvoir rencontrer une enfant, quelque jeune fille curieuse pour les lui faire admirer. J'ai souvent voulu me tuer de désespoir.

  “当年我父亲把我扔进贵族社会的漩涡里的时候,我是带着一颗纯洁的心,一个朴素的灵魂进去的。象一般的青年人一样,我暗地里渴望着甜蜜的爱情。在跟我同年龄的一些青年人中,我遇到一派专好吹牛的人,他们昂首阔步,满嘴空话,肆无忌惮地坐在一些我认为是最尊贵的女人身边,他们出言不逊,啃着自己的手杖头,故作娇态,自愿出卖给最漂亮的女人,把头枕在或自称把头枕在所有女人的枕头上,还装出对欢乐满不在乎的神情,认为最有德行的、最贞洁的女人反而易于弄到手,只需一句简单的话语,一个稍为大胆的动作,一个突然的傲慢的眼色就可以把她征服!我可凭良心对你说句实话:我认为取得权力或在文学上享有盛名,要比在一个出身高贵,聪明优雅的年轻女子身边获得成功还要容易。我的感情和我的信仰与这个社会的准则不相协调,因此,我觉得心情混乱。我有勇气,但只是藏在心里,并不表现在行动上。后来我才明白,女人是不喜欢让人乞求的;我曾经见过许多这类可爱的女人,可我只是暗地里崇拜她们,我愿为她们献出一颗经得起考验的心,一个不怕打击的灵魂,一种既不怕牺牲,也不怕折磨的毅力。可是这些女人却被一些蠢材所占有,而这些蠢家伙就是给我当门房我也不要。
  “不知有多少次在舞会里突然出现了一个我梦寐以求的女人,我默默地欣赏她;这时候,就便幻想把我的生命奉献给永久的爱抚,把我的全部希望表达在一次凝视中,并且在极度的陶醉里把我的甘愿受罚的青年人的爱情奉献给她。有时候,我甚至愿用我的生命去换取一夜的欢乐。说真话!我从未遇到倾听我热情的谈话的耳朵,能让我尽情凝视的眼神,愿和我心心相印的心,由于勇气不够,或者缺乏机会和经验不足而精力无处发泄,竟使我受尽了痛苦。也许我是因为无人了解而感到失望,或者是因为太被别人了解而心慌。然而,对别人可能投给我的每个有礼貌的眼色,我都准备用极大的热情去接受。尽管我很敏感地把这个眼色或某些表面亲热的话语当作热情的默契,我却从来不敢在该说话的时候说话,该沉默的时候沉默。因为情绪过于激动,使我的谈话语无轮次,我的沉默变成呆板。在一个人们只在灯光下生活,只用习惯的语言或赶时髦的字眼来表达思想的虚伪的社会里,我无疑是太过于天真了。何况,我根本不懂得别人那套不说话等于说话,说话时其实什么也不曾说的本领。
  “总之,我心中有团烈火在燃烧,我的灵魂恰好象女人们希望遇到的那种灵魂,那股折磨着我的狂热劲,正是女人所渴求的对象,我拥有蠢材们自夸的充沛精力,然而过去我遇到的女人全都是陰险毒辣的。这样,当那些小圈子的英雄庆祝爱情胜利的时候,我便很天真地钦佩他们,根本没想到他们在撒谎。我的错误无疑是渴望得到随口许诺的爱情,和想要在一个水性杨花,渴望奢侈,醉心虚荣的女人心里找到象我心中的沧海般深广、暴风雨般强大的激情。哦!我觉得自己是为恋爱而生的,是为使女人快活而存在的,而我却一个女人也没找到,甚至连一位勇敢、高尚的马尔斯琳①,或一位年老的侯爵夫人也没遇上!我的背囊里藏着无数珍宝,却无缘遇到一个女孩,或者一个好奇的少女,好让她们来欣赏我的宝贝!因为失望,我常常想要自杀。”
   
  ①马尔斯琳,博马舍的《费加罗的婚姻》中的老管家妇。

 

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