Petit pot ne se le fit pas répéter, et la vieille eut bientôt mangé tout son
soûl ; alors, la bonne femme voulut arrêter le zèle producteur du petit pot.
Mais par malheur elle ignorait les mots qu’il fallait prononcer pour cela.
Maître petit pot continua donc de cuire, de cuire toujours plus et plus fort, si
bien que la bouillie ne tarda pas à déborder du vase, puis à remplir la cuisine,
puis à inonder la maison, puis la maison d’à côté, puis une autre, puis encore
une autre, puis enfin toute la rue ; et du train dont il y allait, on eût dit qu’il
voulait noyer le monde entier.
Cela devenait d’autant plus effrayant, que personne ne savait comment
s’y prendre pour arrêter ce déluge.
Heureusement qu’à la fin, comme il ne restait plus dans tout le village
qu’une seule maison qui ne fût pas devenue la proie de la bouillie, la jeune
fille revint et s’écria :
– Petit pot ! arrête-toi !
Et aussitôt petit pot s’arrêta.
Les habitants du village, qui désirèrent rentrer dans leurs maisons, n’en
durent pas moins avaler beaucoup plus de bouillie qu’ils n’en voulaient.
Ce conte prouve qu’on fait toujours mal ce qu’on ne sait qu’à demi.