qu’une maison, et que cette maison lui avait été léguée par son père, il ne
pouvait se résoudre à la vendre pour en partager le produit entre ses enfants.
Dans cette incertitude, il lui vint une bonne idée :
– Risquez-vous par le monde, leur dit-il un jour ; allez apprendre chacun
un métier qui vous fasse vivre, et, votre apprentissage terminé, hâtez-vous
de revenir ; celui qui me donnera alors la preuve la plus convaincante de son
savoir-faire, héritera de ma maison.
En conséquence, le départ des trois fils fut arrêté. Ils décidèrent qu’ils
deviendraient, l’un maréchal-ferrant, l’autre barbier, et le troisième maître
d’armes. Ils fixèrent ensuite un jour et une heure où ils se retrouveraient
dans la suite, pour revenir ensemble sous le toit paternel. Ces conventions
arrêtées, ils partirent.
Or, il arriva que les trois frères eurent le bonheur de rencontrer chacun
un maître consommé dans le métier qu’ils voulaient apprendre. C’est ainsi
que notre maréchal-ferrant ne tarda pas à être chargé de ferrer les chevaux
du roi ; aussi pensa-t-il dans sa barbe :
– Mes frères seront bien habiles s’ils me disputent la maison.
De son côté, le jeune barbier eut bientôt pour pratiques les plus grands
seigneurs de la cour, si bien qu’il se flattait aussi d’hériter de la maison à
la barbe de ses frères.