il dut recevoir plus d’un bon coup d’estoc et de taille ; mais la récompense
promise soutenait son courage, en même temps qu’il exerçait son œil et sa
main.
Quand l’époque fixée pour le retour fut arrivée, les trois frères se
réunirent à l’endroit convenu, puis ils regagnèrent ensemble la maison de
leur père.
Le soir même de leur retour, tandis qu’ils étaient assis tous quatre devant
la porte, ils aperçurent un lièvre qui accourait à travers champs de leur côté.
– Bravo ! dit le barbier, voici une pratique qui vient fort à propos pour
me fournir l’occasion de montrer mon savoir-faire !
En prononçant ces mots, notre homme prenait savon et bassin et préparait
sa blanche mousse.
Quand le lièvre fut parvenu à proximité, il courut à sa poursuite, le
rejoignit, et tout en galopant de concert avec le léger animal, il lui barbouilla
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le nez de savon, puis d’un seul coup de rasoir il lui enleva la moustache,
sans lui faire la plus petite coupure, et sans oublier le plus petit poil.
– Voilà qui est travaillé ! dit le père. Il faudra que tes frères soient bien
habiles pour te disputer la maison.
Quelques moments après, on vit arriver à toute bride un cheval fringant
attelé à une légère voiture.