Chapitre 6 : Le refuge
Son regard explora les environs sur quelques kilomètres, il finit par repérer, à l’orée de la forêt, l’isba de Vladimir. Sur la neige, des pas s’enfoncèrent et, soudain une silhouette identique à celle de Vladimir émergea de la nuit. Le code de Balt lui refusait le droit de se montrer aux autres civilisations. Aussi, lui et son vaisseau étaient-ils restés invisibles devant Vladimir, mais ce prodige épuisait les gens de sa race. Pour le temps qu’il lui restait à passer sur Terre, Balt décida de copier la silhouette de Vladimir.
Il faisait ainsi à son sauveur, un des plus grands honneurs qu’un voyageur puisse faire un hôte : prendre son apparence physique.
En plus par ce truchement, Balt pouvait, sans transgresser le " Code ", se faire voir d’autres humains. Balt se dirigea vers l’isba, il espérait ainsi trouver non seulement un abri, mais aussi le moyen de payer sa dette.
Le froid était trop intense, Balt devait se presser. Il transforma un mini-vaisseau de secours en troïka et, sans y songer, décolla. Le traîneau qui semblait être tiré par des rennes dépassa, le faîte des plus hauts sapins et vola vers la masure que Balt avait repérée.
Pendant le trajet, Balt pensait à sa famille, à ses amis qui s’étaient faits congeler en attendant son retour. Cela faisait six révolutions de son soleil qu’il était parti, plus de six mille ans pour nous et il n’avait toujours pas trouvé la source de lumière, l’étincelle de vie qui pourrait rallumer son soleil.
Quand, Balt avait quitté sa galaxie, seul un astre rougeaud dispensait à peine assez de lumière pour alimenter les surgénérateurs de congélation. Sa planète qui, jadis, croulait sous les fleurs, était aujourd’hui un bloc de glace. Encore une révolution, et son astre s’éteindrait à jamais, les surgénérateurs se déconnecteraient et, avec eux, tout espoir de réveil pour sa famille et les derniers représentants de sa race.
Cet incident mécanique qui lui faisait perdre un temps précieux, le contrariait fort, mais le froid qui perçait son nouveau corps ne lui laissait pas de répit.
Malgré l’étendue inimaginable de son savoir, Balt ne pouvait pas tout connaître et, même s’il avait dérobé une quantité précieuse de renseignements à Vladimir lors de sa réanimation, il ne pouvait pas encore tout deviner. Quand Balt doutait, il laissait sa logique décider pour lui.
Balt posa donc son vaisseau sur le toit de la maison de Vladimir, pensant que c’était là qu’il fallait ranger la troïka. La source de chaleur qui fumait par la cheminée semblait indiquer, vu du ciel, la seule entrée possible.