【法语阅读——驴皮记】La peau de chagrin (2.42)
La partie II. La Femme sans coeur
"Pendant ces violents paroxysmes de ma passion, reprit Raphaël après un moment de silence, et comme s'il répondait à une objection qu'il se fût adressée à lui-même, je n'ai pas disséqué mes sensations, analysé mes plaisirs, ni supputé les battements de mon coeur, comme un avare examine et pèse ses pièces d'or. Oh ! non, l'expérience jette aujourd'hui sa triste lumière sur les événements passés, et le souvenir m'apporte ces images, comme par un beau temps les flots de la mer amènent brin à brin les débris d'un naufrage sur la grève.
- " Vous pouvez me rendre un service assez important, me dit la comtesse en me regardant d'un air confus. Après vous avoir confié mon antipathie pour l'amour, je me sens plus libre en réclamant de vous un bon office au nom de l'amitié. N'aurez-vous pas, reprit-elle en riant, beaucoup plus de mérite à m'obliger aujourd'hui ?
" Je la regardais avec douleur. N'éprouvant rien près de moi, elle était pateline et non pas affectueuse ; elle me paraissait jouer un rôle en actrice consommée ; puis tout à coup son accent, un regard, un mot réveillaient mes espérances ; mais si mon amour ranimé se peignait alors dans mes yeux, elle en soutenait les rayons sans que la clarté des siens s'en altérât, car ils semblaient, comme ceux des tigres, être doublés par une feuille de métal. En ces moments-là, je la détestais.
- " La protection du duc de Navarreins, dit-elle en continuant avec des inflexions de voix pleines de câlinerie, me serait très utile auprès d'une personne toute-puissante en Russie, et dont l'intervention est nécessaire pour me faire rendre justice dans une affaire qui concerne à la fois ma fortune et mon état dans le monde, la reconnaissance de mon mariage par l'empereur. Le duc de Navarreins n'est-il pas votre cousin ? Une lettre de lui déciderait tout.
- Je vous appartiens, lui répondis-je, ordonnez.
- Vous êtes bien aimable, reprit-elle en me serrant la main. Venez dîner avec moi, je vous dirai tout comme à un confesseur ".
Cette femme si méfiante, si discrète, et à laquelle personne n'avait entendu dire un mot sur ses intérêts, allait donc me consulter.
- " Oh ! combien j'aime maintenant le silence que vous m'avez imposé ! m'écriai-je. Mais j'aurais voulu quelque épreuve plus rude encore. "
沉默了一会儿以后,拉法埃尔接着说,好象是在回答自己提出的反对意见似的。
“正当我的热情激发到极点的时候,我并没有象吝啬鬼细心检点和衡量他们的金币那样来检查我的感觉,分析我的快乐,更没有计算我的脉搏。噢,决不!今天,可悲的经验已照亮了我的心,使我认识了过去,回忆也给我带来各种辛酸的印象,就象是在一个晴朗的日子里,海浪把失事的船舶的残骸,一片一段地推到沙滩上来那样。
“'您可以给我帮一个相当大的忙,’伯爵夫人带点狼狈的神情瞧着我说,‘在我向您吐露了我对爱情的反感后,我觉得我可以用友谊的名义,更自由地来请求您替我办一桩事。难道您不觉得,’她笑着又说,‘今天来做,功劳不是更大吗?’
“我痛苦地瞧着她。却感觉不到有任何人在我身边,她是手段圆滑,而并非多情;我觉得她象一个老练的女演员,在演自己的角色;接着,她的声调,她的一个眼波,一句话,又重新引起我的希望;可是,如果我复活了的爱情,是流露在眼睛里的话,她在接触到我的眼光时,却不让她自己的眼神因此发生变化。因为,她的眼睛和老虎的眼睛一样,似乎被裹上了一层金属的薄片。在这样的时候,我把她恨透了。
“'纳瓦兰公爵的保护,’她继续用充满柔情的婉转音调接着说。‘将使我能够接近一位俄罗斯的最高权威人物,这实在是太有用处了,因为,要在一桩有关我的财产和地位的案件上得到公平的处理,这位人物的干预是必不可少的,我的目的是让沙皇认可我的婚姻。纳瓦兰公爵不是您的表哥吗?他的一封信便可以决定一切。’
“'我是属于您的,’我回答说,‘请您下命令吧。’
“‘您太可爱了,’她紧握着我的手接着说,‘现在请您到我家里吃晚餐吧,我要象对一位忏悔师那样,把一切都告诉您。’
“这个如此多疑、如此谨慎的女人,从来没有听她说过一句有关她本人利益的话,现在她居然来向我求教了。
“‘噢!现在我是多么喜欢您从前强加给我的沉默呵!’我大声嚷道。‘但是,我宁愿再经受一些更严重的考验。’