rues des brioches et des macarons ; les gamins grimpaient sur les arbres,
criaient : hourra ! et sifflaient entre leurs doigts C’était vraiment un spectacle
magnifique.
« Maintenant, se dit le fils du marchand, il faut que moi aussi de mon
côté je fasse quelque chose. » Il acheta une quantité de fusées volantes, de
pétards, toutes les pièces d’un beau feu d’artifice, puis il les mit dans son
coffre, et s’éleva dans les airs.
Routch ! ritch ! routch ! quelle détonation ! quel éclat ! et combien de
couleurs !
À cette vue, tous les Turcs se mirent à sauter de joie, si bien que leurs
pantoufles volaient jusqu’à leurs oreilles. Jamais ils n’avaient vu un pareil
phénomène. Maintenant ils étaient bien convaincus que c’était leur dieu en
personne qui allait épouser la princesse.
Revenu dans la forêt, le fils du marchand se dit : « Il faut que j’aille dans
la ville, pour apprendre l’effet qu’a produit mon feu d’artifice. » Ce désir
était bien naturel.
Que de choses singulières on lui en raconta ! chacun l’avait vu d’une
manière différente, mais tous en étaient enchantés.
« J’ai vu le dieu des Turcs, disait l’un ; il avait les yeux brillants comme
des étoiles, et une barbe semblable à l’écume des vagues.
– Il s’est envolé sur un manteau de feu, disait l’autre ; et dans les plis du
manteau de jolis petits anges voltigeaient. »
Le jeune homme entendit encore plus d’une belle chose ce soir-là, la
veille de sa noce. Enfin il retourna dans la forêt pour se placer dans son
coffre ; mais nulle part il ne l’aperçut. Le coffre avait été brûlé, brûlé par
une étincelle de feu d’artifice. Il n’en restait qu’un peu de cendre. Le pauvre
garçon ne pouvait plus s’envoler ni revoir sa fiancée.
Elle l’attendit sur le toit toute la journée ; elle l’attend encore. Lui
cependant parcourt le monde en racontant des aventures ; mais aucune
d’elles n’est aussi joyeuse que celle des allumettes.