Il était une fois un ménétrier qui avait un violon merveilleux. Ce
ménétrier se rendit un jour tout seul dans une forêt, laissant errer sa pensée
çà et là ; et quand il ne sut plus à quoi songer, il se dit :
– Le temps commence à me sembler long dans cette forêt ; je veux faire
en sorte qu’il m’arrive un bon compagnon.
En conséquence, il prit son violon qu’il portait sur le dos, et se mit à jouer
un air qui réveilla mille échos dans le feuillage. Il n’y avait pas longtemps
qu’il jouait, lorsqu’un loup vint en tapinois derrière les arbres.
– Ciel ! voilà un loup ! ce n’est point là le compagnon que je désire, pensa
le ménétrier.
Cependant le loup s’approcha, et lui dit :
– Eh ! cher ménétrier, que tu joues bien ! ne pourrais-je pas aussi
apprendre ton art ?
– La chose est facile, répondit le ménétrier ; il suffit pour cela que tu
fasses exactement tout ce que je te dirai.
– Oh ! cher ménétrier, reprit le loup, je veux t’obéir, comme un écolier
obéit à son maître.
Le musicien lui enjoignit de le suivre, et lorsqu’ils eurent fait un bout de
chemin, ils arrivèrent au pied d’un vieux chêne qui était creux et fendu par
le milieu.