Le Violon merveilleux(3)
Quand ils eurent marché pendant quelques minutes, ils arrivèrent à un
sentier bordé des deux côtés par de hauts arbustes. En cet endroit, le musicien
s’arrêta, saisit d’un côté du chemin un noisetier qu’il inclina contre terre,
mit le pied sur sa cime ; puis de l’autre côté, il en fit de même avec un autre
arbrisseau ; après quoi, s’adressant au renard :
– Maintenant, camarade, s’il est vrai que tu veuilles apprendre quelque
chose, avance ta patte gauche.
Le renard obéit, et le musicien lui lia la patte à l’arbre de gauche.
– Renard, mon ami, lui dit-il ensuite, avance maintenant ta patte droite.
L’animal ne se le fit pas dire deux fois, et le ménétrier lui lia cette patte
à l’arbre de droite. Cela fait, il lâcha les deux arbustes qui se redressèrent
soudain, emportant avec eux dans l’air le renard qui resta suspendu et se
débattit vainement.
– Attends-moi jusqu’à ce que je revienne, dit le musicien.
Et il continua sa route.
Il ne tarda pas à penser pour la troisième fois :
– Le temps me semble long dans cette forêt ; il faut que je tâche de me
procurer un autre compagnon.