En conséquence, il prit son violon, et les accords qu’il en tira retentirent
à travers le bois. Alors arriva, à bonds légers, un levraut.
– Ah ! voilà un levraut, se dit le musicien. Ce n’est pas là le compagnon
que je désire.,
– Eh ! cher musicien, dit le levraut, que tu joues bien ! je voudrais bien
apprendre ton art.
– La chose est facile, répondit le ménétrier ; il suffit pour cela que tu
fasses exactement tout ce que je te dirai.
– Oh ! cher musicien, reprit le levraut, je te promets de t’obéir comme
un écolier obéit à son maître.
Ils cheminèrent quelque temps ensemble, puis ils arrivèrent à un endroit
moins sombre du bois où se trouvait un peuplier. Le musicien attacha au cou
du levraut une longue corde qu’il noua au peuplier par l’autre bout.
– Maintenant alerte ! ami levraut, fais-moi vingt fois en sautant le tour
de l’arbre.
Le levraut obéit ; et quand il eut fait vingt fois le tour commandé, la corde
était enroulée vingt fois autour de l’arbre, si bien que le levraut se trouva
captif, et il eut beau tirer de toutes ses forces, il ne réussit qu’à se meurtrir
le cou avec la corde.