– Attends-moi jusqu’à ce que je revienne, dit le musicien.
Et il poursuivit sa route.
Cependant à force de tirer, de s’agiter, de mordre la pierre et de travailler
en tous sens, le loup avait fini par rendre la liberté à ses pattes en les retirant
de la fente. Plein de colère et de rage, il se mit à la poursuite du musicien qu’il
se promettait de mettre en pièces. Lorsque le renard l’aperçut qui arrivait au
galop, il se prit à gémir et à crier de toutes ses forces :
– Frère loup, viens à mon secours ! le musicien m’a trompé.
Le loup inclina les deux arbustes, rompit les cordes d’un coup de dent,
et rendit la liberté au renard qui le suivit, impatient aussi de se venger
du musicien. Ils rencontrèrent bientôt le pauvre levraut, qu’ils délivrèrent
également, et tous les trois se mirent à la poursuite de l’ennemi commun.
Or, en continuant son chemin, le ménétrier avait une quatrième fois joué
de son violon merveilleux ; pour le coup il avait mieux réussi. Les accords
de son instrument étaient arrivés jusqu’aux oreilles d’un pauvre bûcheron,
qui, séduit par cette douce musique, abandonna sa besogne, et, la hache sous
le bras, s’empressa de courir vers l’endroit d’où partaient les sons.