Chacun vantait son courage, quoique presque tous fussent persuadés qu’il
courait à une mort certaine.
Les deux portes de la grange furent ouvertes, et l’on put voir alors la
chouette qui était allée se poser sur une poutre du milieu. Le soldat se décida
à monter à l’assaut. En conséquence, on lui apporta une échelle qu’il plaça
contre la poutre.
Au moment où il s’apprêtait à monter, ses camarades lui crièrent en cœur
de se conduire en homme ; puis, ils le recommandèrent à saint Georges qui,
chacun le sait, dompta jadis le dragon.
Quand il fut parvenu aux trois quarts de l’échelle, la chouette qui
s’aperçut qu’on en voulait à sa noble personne, et que d’ailleurs les clameurs
de la foule avait effarouchée, ne sachant de quel côté s’enfuir, se mit
soudain à rouler de grands yeux, hérissa ses plumes, déploya ses vastes ailes,
déserra son bec hideux, et poussa trois cris sauvages, d’une voix rauque et
effrayante.
– Frappez-la de votre lance ! s’écrièrent au même instant du dehors les
bourgeois électrisés.
– Je voudrais bien vous voir à ma place, répondit le belliqueux
aventurier ; je gage qu’alors vous ne seriez pas si braves.
Toutefois, il monta encore d’un degré sur l’échelle ; après quoi, la peur
s’empara de lui, si bien qu’il lui resta tout au plus assez de force pour
redescendre jusqu’au bas.