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II RUES DE LONDRES

时间:2020-09-30来源:互联网 进入法语论坛
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 Sauf quelques exceptions, celles-là très réussies, il faut l'avouer, les magasins de Londres sont notablement inférieurs comme aspect et comme élégance d'arrangement à ceux de Paris. Aucune rue ne peut se comparer à la rue de la Paix;—ce goût vraiment raffiné, presque maniéré, qui a pénétré les intérieurs, n'a pas encore opéré la révolution, très nécessaire cependant, dans les étalages anglais. On est frappé dans Bond Street, dans[Pg 17] Regent Street de l'aspect criard, et en même temps presque pauvre des magasins. L'entassement des objets, le flamboyant et le voyant de toutes choses, témoignent bien qu'il y a dans le caractère anglais un côté encore rudimentaire. Cet appel incessant à l'attention, ces explications, ces réclames, ces grosses amorces ont un air de foire; le passant est sollicité, non pas par un ensemble exquis et discret comme celui de nos magasins, mais par l'accumulation d'objets étiquetés, par le heurt extraordinaire des couleurs, par les combinaisons souvent les plus baroques! Car c'est assurément une surprise singulière que de voir une maison entière extérieurement garnie de haut en bas de sièges en osier! des chaises[Pg 18] longues sont là, saillant du mur à la hauteur du deuxième étage; ce qui, le soir surtout, a un aspect fantastique!
 
Partout cette même exubérance, cette exagération, qui est comme un rappel lointain des grosses et fortes plaisanteries d'un Falstaff. Dans les quartiers populaires, à la nuit tombée, ces choses prennent des proportions inouïes, le gaz est comme prodigué, il flambe avec une liberté qui explique surabondamment les nombreux incendies, et lorsque le brouillard commence à tout envelopper, cela revêt une sorte de grandeur mystérieuse.
 
Ce n'est pas seulement par le côté extérieur que les magasins de Londres diffèrent de ceux de Paris:—il n'y a qu'à[Pg 19] pénétrer dans l'un d'eux, pour être frappé de la différence du diapason social. On sent de suite qu'on est dans un pays où les différences de castes sont encore reconnues et acceptées; ce n'est pas cette politesse presque familière de nos grands magasins, ou la rogue indifférence du petit négociant. C'est la déférence respectueuse voulue, et qui ne diminue pas à ses propres yeux celui qui l'observe. Et ce ne sera pas seulement le commis qui s'empressera jusqu'à la voiture rangée près du trottoir pour recevoir les ordres de la cliente, mais le patron de quelque grand magasin de Bond street, personnage comme il faut, sérieux, riche et considéré, qui se montrera profondément respectueux, et observera sans effort la[Pg 20] hiérarchie du vendeur à l'acheteur; cette politesse déférente est pratiquée par eux jusque dans les détails; ainsi une note vous est adressée, l'enveloppe porte, imprimé sur le verso: «Avec les respectueux compliments de tel et tel»; une note est acquittée «avec remerciements»; aujourd'hui, l'on peut crier si l'on veut, mais c'est un fait: l'Anglais est en général infiniment plus poli que le Français, et n'a pas encore éliminé de sa vie toutes ces menues servitudes qui sont la politesse; le coup de chapeau n'a rien à voir là dedans; le respect est divers dans ses manifestations, autre à l'église et autre à la synagogue, l'important est qu'il existe. L'Angleterre possède encore ce trésor, pour combien de temps, hélas?[Pg 21] C'est ce respect, obligatoire je le veux bien, qui fait que dans cette ville gigantesque absolument pavoisée d'affiches, pas une ne blesse les yeux! Ces affiches immenses, aux couleurs éclatantes, dégradent et abîment les rues de Londres; dans certaines parties de Holborn elles atteignent des proportions presque incroyables; au-dessus des affiches murales se détachent dans les airs, sur le ciel brumeux, celles qui, découpées en grandes lettres, s'élèvent du toit des maisons!
 
Il résulte véritablement de ce fouillis, de cette multitude de mots, d'images, de pensées, qui malgré soi vous entrent dans la tête, une sorte de fatigue intellectuelle, en même temps que de griserie et de coup de fouet.
 
[Pg 22]
 
Il est certain qu'à aucune heure, ni le boulevard ni aucune artère de Paris ne procurent l'impression presque infernale de Holborn, d'Oxford street, de la Cité; ce doit être quelque chose de semblable qui fait marcher les armées et soutient les peureux; de cette masse d'êtres en mouvement se dégage une électricité mystérieuse qui entraîne et emporte. La vie, dans la signification de force, de mouvement, d'impulsion éclate là d'une façon grandiose; elle devient une puissance formidable.
 
Cette sensation se répète sous une autre forme dans les profondeurs du métropolitain, dans ces vastes gares souterraines remplies d'un mouvement incessant; les trains arrivent de tous côtés[Pg 23] avec une rapidité vertigineuse; mais comme tous les départs sont clairement indiqués sur des affiches, il n'y a nulle confusion, et la ruche humaine s'emplit et se désemplit sans trêve. Le Under ground (sous terre), comme s'appelle couramment le métropolitain, est une des premières commodités de Londres, et l'esprit pratique des Anglais en a tiré immédiatement le meilleur parti, en choisissant les troisièmes classes comme moyen de circulation. Ce sont du reste de magnifiques voitures, d'une propreté parfaite, admirablement éclairées; et ce n'est pas seulement à Londres que les troisièmes classes sont mises à contribution, les nombreuses familles des clergymen ont commencé par donner l'exemple, on les[Pg 24] a imitées et les choses en sont à ce point que Punch a publié une caricature dans laquelle il représente des Juifs montant en premières, et des gens distingués en troisièmes!
 
Les omnibus de Londres, tout bardés d'affiches, ne ressemblent en rien aux lourdes écraseuses qui, avec leur grotesque système de correspondance et leur pompeuse régularité, sont si inutiles à la population parisienne. Jamais, heureusement pour eux, les Anglais ne se sont résignés au parcage des voyageurs en des enclos fermés, ni au ridicule et lugubre défilé des numéros! Y a-t-il rien de plus pitoyable que ce bétail humain pressé derrière un conducteur plus ou moins insolent, attendant d'un air navré[Pg 25] l'appel de son numéro, et repataugeant quatre ou cinq fois dans la boue pour recommencer encore? On se demande comment les gens occupés peuvent jamais prendre un omnibus à Paris; à Londres, au contraire, les voitures sont petites, nombreuses, et se font concurrence; le prix est calculé selon la distance et est prodigieusement minime; certains omnibus n'ont même pas de conducteurs: le voyageur est prié par écrit de mettre le penny ou les deux pence dans une boîte ad hoc, et pour cette somme il fait un long trajet; le public et l'exploiteur trouvent leur compte à ce système primitif.
 
La tutelle incessante et insupportable qui s'exerce sur tout Français majeur[Pg 26] n'existe pas en Angleterre, et l'initiative particulière se fait jour en toute occasion, au plus grand bien de chacun. La veulerie spéciale qui résulte de l'attente de cette ingérence de l'État (abstraction que même M. Taine ne peut arriver à définir) n'a pas cours ici; on vit et on meurt sous sa propre responsabilité, ce qui, en définitive, paraît infiniment préférable. Nous sommes, je pense, plus loin que jamais en France d'un pareil état d'esprit et, avec la mode nouvelle qui envoie toute l'élite de la jeunesse à l'armée, il est à craindre que les individualités fortes disparaissent de plus en plus: en Angleterre, seul pays d'Europe, le militarisme n'est pas à la mode. L'Anglais a vu de près ce que la caste militaire a fait de[Pg 27] l'Allemand: une machine obéissante et puissante, mais une machine tellement déprimée par le joug qui a pesé sur lui, que même dans les emplois civils il apporte une sorte d'humilité patiente et est devenu dans les banques et les maisons de commerce une espèce de coolie chinois travaillant à moitié prix.
 
L'Anglais, lui, ne se résigne jamais; le mot fight (se battre) s'applique aux actions les plus diverses, tant matérielles qu'intellectuelles. Un homme ne fait pas son chemin dans la vie—he fights his way, cela évoque tout de suite l'idée de l'Anglais, les poings fermés, allant résolument à l'obstacle. On se bat contre la mauvaise fortune, on se bat contre la maladie, le chagrin, l'ennui. Ce combat, indiqué par[Pg 28] la langue même, est une chose admirable: au fond, cet effort c'est tout le développement de l'être perfectible et la doctrine des agnostics. Les Anglais regardent encore la vie comme une chose sérieuse et tangible, comme une chose importante, intéressante et même agréable. C'est le sentiment qu'on en avait aux siècles passés, alors qu'on accomplissait de tels prodiges pour faire «sa fortune» dans le sens que ce mot avait autrefois. On s'y efforce encore en Angleterre, car le plébéien peut arriver à la Pairie, et les distinctions sociales n'ont pas le caractère purement honorifique qu'elles ont revêtu en France, la comédie du désintéressement n'y a pas cours, et en étendant la portée de la pensée exprimée,[Pg 29] le vieux docteur Johnson, qui incarne si parfaitement l'esprit anglais, a formulé une grande vérité lorsqu'il a dit: «Il n'y a que les imbéciles qui écrivent pour autre chose que l'argent.»
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