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LA PORTE ÉTROITE(9)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Elle cacha brusquement sa tte sur mon paule: Jrme! Jrme! Je voudrais tre sre que tu la rendras heureuse! Si par toi auss
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Elle cacha brusquement sa tête sur mon épaule :  Jérôme ! Jérôme ! Je voudrais être sûre que tu la rendras heureuse ! Si par toi aussi elle devait souffrir, je crois que je te détesterais.

 Mais, Juliette, mécriai-je, lembrassant et relevant son front, je me détesterais moi- même. Si tu savais !mais cest pour mieux ne commencer quavec elle ma vie que je ne veux pas encore décider de ma carrière ! mais je suspends tout mon avenir après elle ! mais, tout ce que je pourrais être sans elle, je nen veux pas.

 Quest-ce quelle dit lorsque tu lui parles de cela .

 Mais je ne lui parle jamais de cela ! Jamais ; cest aussi pour cela que nous ne nous fiançons pas encore ; jamais il nest question de mariage entre nous, ni de ce que nous ferons ensuite. Ô Juliette ! la vie avec elle mapparaît tellement belle que je nose pas.

comprends-tu cela ? que je nose pas lui en parler.

 Tu veux que le bonheur la surprenne.

 Non ! ce nest pas cela. Mais jai peurde lui faire peur, comprends-tu ?Jai peur que cet immense bonheur, que jentrevois, ne leffraie ! Un jour, je lui ai demandé si elle souhaitait voyager. Elle ma dit quelle ne souhaitait rien, et quil lui suffisait de savoir que ces pays existaient, quils étaient beaux, quil était permis à dautres dy aller.

 Toi, Jérôme, tu désires voyager .

 Partout ! la vie tout entière mapparaît comme un long voyage avec elle, à travers les livres, les hommes, les paysSonges-tu à ce que signifient ces mots : lever lancre .

 Oui ; jy pense souvent, murmura- t- elle. Mais moi qui lécoutais à peine et qui laissais tomber à terre ses paroles comme de pauvres oiseaux blessés, je reprenais :  Partir la nuit ; se réveiller dans léblouissement de laurore : se sentir tous deux seuls sur lincertitude des flots.

 Et larrivée dans un port que tout enfant déjà lon avait regardé sur les cartes ; où tout est inconnuJe timagine sur la passerelle, descendant du bateau avec Alissa appuyée à ton bras.

 Nous irions vite à la poste, ajoutai-je en riant, réclamer la lettre que Juliette nous aurait écrite.

–… de Fongueusemare, où elle serait restée, et qui vous apparaîtrait tout petit, tout triste et tout loin.

Sont-ce là précisément ses paroles ? je ne puis laffirmer, car, je vous le dis, jétais si plein de mon amour quà peine entendais- je, auprès, quelque autre expression que la sienne.

Nous arrivions près du rond-point ; nous allions revenir sur nos pas, quand, sortant de lombre, Alissa se montra tout à coup. Elle était si pâle que Juliette se récria.

 En effet, je ne me sens pas très bien, balbutia hâtivement Alissa. Lair est frais. Je crois que je ferais mieux de rentrer. Et tout aussitôt nous quittant, elle sen retourna dun pas rapide, vers la maison.

 Elle a entendu ce que nous disions, sécria Juliette dès quAlissa se fut un peu éloignée.

 Mais nous navons rien dit qui puisse la peiner. Au contraire.

 Laisse-moi, dit-elle en sélançant à la poursuite de sa sœur.

Cette nuit, je ne pus dormir. Alissa avait paru au dîner, puis sétait retirée aussitôt après, se plaignant de migraine. Quavait- elle entendu de notre conversation ? Et je me remémorais inquiètement nos paroles. Puis je songeais que peut- être javais eu tort, marchant trop près de Juliette, dabandonner mon bras autour delle ; mais cétait habitude denfant ; et maintes fois déjà Alissa nous avait vus marchant ainsi. Ah ! triste aveugle que jétais, cherchant mes torts en tâtonnant, de navoir pas songé un instant que les paroles de Juliette, que javais si mal écoutées et dont je me souvenais si mal, Alissa les avait peut- être mieux entendues. Nimporte ! égaré par mon inquiétude, épouvanté à lidée quAlissa pût douter de moi, et nimaginant pas dautre péril, je me résolus, malgré ce que jen avais pu dire à Juliette, et peut-être impressionné par ce quelle men avait dit, je me résolus à vaincre mes scrupules, mon appréhension et à me fiancer le lendemain.

Cétait la veille de mon départ. Je pouvais attribuer à cela sa tristesse. Il me parut quelle mévitait. Le jour passait sans que jeusse pu la rencontrer seule ; la crainte de devoir partir avant de lui avoir parlé me poussa jusque dans sa chambre peu de temps avant le dîner ; elle mettait un collier de corail et pour lattacher levait les bras et se penchait, tournant le dos à la porte et regardant par-dessus son épaule, dans un miroir entre deux flambeaux allumés. Cest dans le miroir quelle me vit dabord et quelle continua de me regarder quelques instants, sans se retourner.

 Tiens ! Ma porte nétait donc pas fermée ? dit-elle.

 Jai frappé ; tu nas pas répondu, Alissa, tu sais que je pars demain .

Elle ne répondit rien, mais posa sur la cheminée le collier quelle ne parvenait pas à agrafer. Le mot : fiançailles me paraissait trop nu, trop brutal, jemployai je ne sais quelle périphrase à la place. Dès quAlissa me comprit, il me parut quelle chancela, sappuya contre la cheminéemais jétais moi-même si tremblant que craintivement jévitais de regarder vers elle.

Jétais près delle et, sans lever les yeux, lui pris la main ; elle ne se dégagea pas, mais, inclinant un peu son visage et soulevant un peu ma main, elle y posa ses lèvres et murmura, appuyée à demi contre moi :  Non, Jérôme, non ; ne nous fiançons pas, je ten prie.

Mon cœur battait si fort que je crois quelle le sentit ; elle reprit plus tendrement : Non, pas encore.

Et comme je lui demandais :  Pourquoi .

 Mais cest moi qui peux te demander : pourquoi ? pourquoi changer .

Je nosais lui parler de la conversation de la veille, mais sans doute elle sentit que jy pensais, et, comme une réponse à ma pensée, dit en me regardant fixement :  Tu te méprends, mon ami : je nai pas besoin de tant de bonheur. Ne sommes-nous pas heureux ainsi .

Elle sefforçait en vain à sourire.

 Non, puisque je dois te quitter.

 Écoute, Jérôme, je ne puis te parler ce soirNe gâtons pas nos derniers instants.

Non, non. Je taime autant que jamais ; rassure-toi. Je técrirai ; je texpliquerai. Je te promets de técrire, dès demaindès que tu seras parti. Va, maintenant ! Tiens, voici que je pleurelaisse-moi.

Elle me repoussait, marrachait delle doucement et ce furent là nos adieux, car ce soir je ne pus plus rien lui dire et, le lendemain, au moment de mon départ, elle senferma dans sa chambre. Je la vis à sa fenêtre me faire signe dadieu en regardant séloigner la voiture qui memportait.

 .

 

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