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LA PORTE ÉTROITE(34)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Oh! si tu savais quelle paix tu acquerrais, et quelle joie tu donnerais aux autres entavanant dans la vertu, je massure
(单词翻译:双击或拖选)

« Oh ! si tu savais quelle paix tu acquerrais, et quelle joie tu donnerais aux autres en

t’avançant dans la vertu, je m’assure que tu y travaillerais avec plus de soin. »

10 août.

Quand je crierais vers Vous, mon Dieu, avec l’élan de la foi d’un enfant et la voix

surhumaine des anges…

Tout cela, je le sais, me vient non de Jérôme, mais de Vous.

Mais pourquoi entre Vous et moi, posez-Vous partout son image ?

14 août.

Plus que deux mois pour parachever cet ouvrage… Ô Seigneur aidez-moi !

20 août.

Je le sens bien, je le sens à ma tristesse, que le sacrifice n’est pas consommé dans mon

cœur. Mon Dieu, donnez-moi de ne devoir qu’à Vous cette joie que lui seul me faisait

connaître.

28 août.

À quelle médiocre, triste vertu je parviens ! Exigé-je donc trop de moi ? – N’en plus

souffrir.

Par quelle lâcheté toujours implorer de Dieu sa force ! À présent toute ma prière est

plaintive.

29 août.

« Regardez les lis des champs… »

Cette parole si simple m’a plongée ce matin dans une tristesse dont rien ne pouvait me

distraire. Je suis sortie dans la campagne et ces mots que malgré moi je répétais sans cesse

emplissaient de larmes mon cœur et mes yeux. Je contemplais la vaste plaine vide où le

laboureur penché sur la charrue peinait… « Les lis des champs… » Mais, Seigneur, où

sont-ils ?…

16 septembre, 10 heures du soir.

Je l’ai revu. Il est là, sous ce toit. Je vois sur le gazon la clarté qu’y porte sa fenêtre.

Pendant que j’écris ces lignes, il veille ; et peut-être qu’il pense à moi. Il n’a pas changé ; il

le dit ; je le sens. Saurai-je me montrer à lui telle que j’ai résolu d’être, afin que son amour

me désavoue ?…

24 septembre.

Oh ! conversation atroce où j’ai su feindre l’indifférence, la froideur, lorsque mon cœur

au dedans de moi se pâmait… Jusqu’à présent, je m’étais contentée de le fuir. Ce matin j’ai

pu croire que Dieu me donnerait la force de vaincre, et que me dérober sans cesse à la lutte

n’allait pas sans lâcheté. Ai-je triomphé ? Jérôme m’aime-t-il un peu moins ?… Hélas !

c’est ce que j’espère, et que je crains tout à la fois… Je ne l’ai jamais aimé davantage.

Et s’il vous faut, Seigneur, pour le sauver de moi, que je me perde, faites !…

« Entrez dans mon cœur et dans mon âme pour y porter mes souffrances et pour

continuer d’endurer en moi ce qui vous reste à souffrir de votre Passion. »

Nous avons parlé de Pascal… Qu’ai-je pu lui dire ? Quels honteux, absurdes propos !

Si je souffrais en les disant déjà, ce soir je m’en repens comme d’un blasphème. J’ai repris

le livre pesant des Pensées, qui de lui- même s’est ouvert à ce passage des lettres à

M lle  de Roannez :

« On ne sent pas son lien quand on suit volontairement celui qui entraîne ; mais quand

on commence à résister et à marcher en s’éloignant on souffre bien. »

Ces paroles me touchaient si directement que je n’ai pas eu la force de continuer ma

lecture ; mais ouvrant le livre à un autre endroit, ce fut pour trouver un passage admirable

que je ne connaissais pas et que je viens de copier.

Ici s’achevait le premier cahier de ce journal. Sans doute un cahier suivant fut détruit ;

car, dans les papiers laissés par Alissa, le journal ne reprenait que trois ans plus tard, à

Fongueusemare encore – en septembre – c’est-à-dire peu de temps avant notre dernier

revoir.

Les phrases qui suivent ouvrent ce dernier cahier.

17 septembre.

Mon Dieu, vous savez bien que j’ai besoin de lui pour Vous aimer.

20 septembre.

Mon Dieu, donnez-le-moi, afin que je Vous donne mon cœur.

Mon Dieu, faites-le-moi revoir seulement.

Mon Dieu, je m’engage à vous donner mon cœur ; accordez-moi ce que mon amour

vous demande. Je ne donnerai plus qu’à Vous ce qui me restera de vie…

Mon Dieu, pardonnez-moi cette méprisable prière, mais je ne puis écarter son nom de

mes lèvres, ni oublier la peine de mon cœur.

Mon Dieu, je crie à Vous ; ne m’abandonnez pas dans ma détresse.

21 septembre.

« Tout ce que vous demanderez à mon père en mon nom… »

Seigneur ! en votre nom je n’ose…

Mais si je ne formule plus ma prière, en connaîtrez-vous moins pour cela le délirant

souhait de mon cœur ?

27 septembre.

Depuis ce matin un grand calme. Passé presque toute la nuit en méditation, en prière.

Soudain il m’a semblé que m’entourait, que descendait en moi une sorte de paix

lumineuse, pareille à l’imagination qu’enfant je me faisais du Saint-Esprit. Je me suis

aussitôt couchée, craignant de ne devoir ma joie qu’à une exaltation nerveuse ; je me suis

endormie assez vite, sans que cette félicité m’eût quittée. Elle est là ce matin tout entière.

J’ai maintenant la certitude qu’il viendra.

30 septembre.

Jérôme ! mon ami, toi que j’appelle encore mon frère, mais que j’aime infiniment plus

qu’un frère… Combien de fois ai-je crié ton nom dans la hêtraie !… Sortant chaque soir,

vers la tombée du jour, par la petite porte du potager, je descends l’avenue déjà sombre…

Tu me répondrais soudain, tu m’apparaîtrais là, derrière le talus pierreux qu’avait hâte de

contourner mon regard, ou bien je te verrais de loin, assis sur le banc, à m’attendre, mon

cœur n’aurait pas un sursaut… au contraire, je m’étonne de ne pas te voir.

1 er octobre.

Rien encore. Le soleil s’est couché dans un ciel incomparablement pur. J’attends. Je

sais que bientôt, sur ce même banc, je serai assise avec lui… J’écoute déjà sa parole.

J’aime tant à l’entendre prononcer mon nom… Il sera là ! Je mettrai ma main dans sa main.

Je laisserai mon front s’appuyer contre son épaule. Je respirerai près de lui. Hier déjà,

j’avais emporté quelques-unes de ses lettres pour les relire ; mais je ne les ai pas regardées,

trop occupée par sa pensée. J’avais également pris sur moi la croix d’améthyste qu’il

aimait et que je portais chaque soir, un des étés passés, aussi longtemps que je ne voulais

pas qu’il partît.

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