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LA PORTE ÉTROITE(30)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Peut-tre dit-elle encore: Nagis pas lchement! ou peut-tre me le dis-je moi-mme, je ne sais plus, mais soudain, me jetant
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Peut-être dit-elle encore : Nagis pas lâchement ! ou peut-être me le dis-je moi-même, je ne sais plus, mais soudain, me jetant à genoux devant elle et lenveloppant pieusement de mes bras :  Si tu maimais ainsi, pourquoi mas-tu toujours repoussé ? Vois ! jattendais dabord le mariage de Juliette ; jai compris que tu attendisses aussi son bonheur ; elle est heureuse ; cest toi-même qui me las dit. Jai cru longtemps que tu voulais continuer à vivre près de ton père ; mais à présent nous voici tous deux seuls.

 Oh ! ne regrettons pas le passé, murmura-t-elle. À présent jai tourné la page.

 Il est temps encore, Alissa.

 Non, mon ami, il nest plus temps. Il na plus été temps du jour où, par amour, nous avons entrevu lun pour lautre mieux que lamour. Grâce à toi, mon ami, mon rêve était monté si haut que tout contentement humain leût fait déchoir. Jai souvent réfléchi à ce queût été notre vie lun avec lautre ; dès quil neût plus été parfait, je naurais plus pu supporternotre amour.

 Avais-tu réfléchi à ce que serait notre vie lun sans lautre ?  Non ! jamais.

 À présent, tu le vois ! Depuis trois ans sans toi, jerre péniblement.

Le soir tombait.

 Jai froid, dit-elle en se levant et senveloppant de son châle trop étroitement pour que je pusse reprendre son bras. Tu te souviens de ce verset de lÉcriture, qui nous inquiétait et que nous craignions de ne pas bien comprendre : « Ils nont pas obtenu ce qui leur avait été promis, Dieu nous ayant réservés pour quelque chose de meilleur »  Crois-tu toujours à ces paroles ?  Il le faut bien. Nous marchâmes quelques instants lun près de lautre, sans plus rien dire. Elle reprit :  Imagines-tu cela, Jérôme : le meilleur ! Et brusquement les larmes jaillirent de ses yeux, tandis quelle répétait encore : le meilleur ! Nous étions de nouveau parvenus à la petite porte du potager par où, tout à lheure, je lavais vue sortir. Elle se retourna vers moi :  Adieu ! fit-elle. Non, ne viens pas plus loin. Adieu, mon bien-aimé. Cest maintenant que va commencerle meilleur.

Un instant elle me regarda, tout à la fois me retenant et mécartant delle, les bras tendus et les mains sur mes épaules, les yeux emplis dun indicible amour.

Dès que la porte fut refermée, dès que je leus entendue tirer le verrou derrière elle, je tombai contre cette porte, en proie au plus excessif désespoir et restai longtemps pleurant et sanglotant dans la nuit.

Mais la retenir, mais forcer la porte, mais pénétrer nimporte comment dans la maison, qui pourtant ne meût pas été fermée, non, encore aujourdhui que je reviens en arrière pour revivre tout ce passénon, cela ne métait pas possible, et ne ma point compris jusqualors celui qui ne me comprend pas à présent.

Une intolérable inquiétude me fit écrire à Juliette quelques jours plus tard. Je lui parlai de ma visite à Fongueusemare et lui dis combien malarmaient la pâleur et la maigreur dAlissa ; je la suppliais dy prendre garde et de me donner les nouvelles que je ne pouvais plus attendre dAlissa elle-même.

Moins dun mois après, je reçus la lettre que voici : Mon cher Jérôme, Je viens tannoncer une bien triste nouvelle : notre pauvre Alissa nest plusHélas ! les craintes quexprimait ta lettre nétaient que trop fondées. Depuis quelques mois, sans être précisément malade, elle dépérissait ; pourtant, cédant à mes supplications, elle avait consenti à voir le docteur A, du Havre, qui mavait écrit quelle navait rien de grave.

Mais trois jours après la visite que tu lui as faite, elle a brusquement quitté Fongueusemare. Cest par une lettre de Robert que jai appris son départ ; elle mécrit si rarement que, sans lui, jaurais tout ignoré de sa fuite, car je ne me serais pas vite alarmée de son silence. Jai fait de vifs reproches à Robert de lavoir ainsi laissée partir, de ne pas lavoir accompagnée à Paris. Croirais-tu que, depuis ce moment, nous sommes restés dans lignorance de son adresse. Tu juges de mon angoisse ; impossible de la voir, impossible même de lui écrire. Robert a bien été à Paris quelques jours plus tard, mais na rien pu découvrir. Il est si indolent que nous avons douté de son zèle. Il fallait aviser la police ; nous ne pouvions rester dans cette cruelle incertitude. Édouard est parti, a si bien fait quenfin il a découvert la petite maison de santé où Alissa sétait réfugiée. Hélas ! trop tard. Je recevais en même temps une lettre du directeur de la maison mannonçant sa mort, et une dépêche dÉdouard qui na même pas pu la revoir. Le dernier jour elle avait écrit notre adresse sur une enveloppe afin que nous fussions prévenus, et, dans une autre enveloppe, mis le double dune lettre quelle avait envoyée à notre notaire du Havre, et qui contenait ses dernières volontés. Je crois quun passage de cette lettre te concerne ; je te le ferai connaître prochainement. Édouard et Robert ont pu assister à linhumation qui a eu lieu avant-hier. Ils nétaient pas seuls à suivre la bière. Quelques malades de la maison de santé avaient tenu à assister à la cérémonie et à accompagner le corps au cimetière. Pour moi, qui attends mon cinquième enfant dun jour à lautre, je nai malheureusement pas pu me déplacer.

Mon cher Jérôme, je sais le profond chagrin que te causera ce deuil, et je técris le cœur navré. Jai dû maliter depuis deux jours et jécris difficilement, mais ne voulais laisser personne dautre, pas même Édouard ou Robert, te parler de celle que nous avons été sans doute tous deux seuls à connaître. Maintenant que me voici une presque vieille mère de famille et que beaucoup de cendres ont recouvert le brûlant passé, je puis souhaiter te revoir. Si quelque jour tes occupations ou ton agrément tappelaient vers Nîmes, viens jusquà Aigues-Vives. Édouard serait heureux de te connaître et tous deux nous pourrions parler dAlissa. Adieu, mon cher Jérôme. Je tembrasse bien tristement.

Quelques jours après, jappris quAlissa laissait Fongueusemare à son frère, mais demandait que tous les objets de sa chambre et quelques meubles quelle indiquait fussent envoyés à Juliette. Je devais recevoir prochainement des papiers quelle avait mis sous pli cacheté à mon nom. Jappris encore quelle avait demandé quon lui mît au cou la petite croix daméthyste que javais refusée à ma dernière visite, et je sus par Édouard que cela avait été fait.

Le pli cacheté que le notaire me renvoya contenait le journal dAlissa. Jen transcris ici nombre de pages. Je les transcris sans commentaires. Vous imaginerez suffisamment les réflexions que je fis en les lisant et le bouleversement de mon cœur que je ne pourrais que trop imparfaitement indiquer.

 

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