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LA PORTE ÉTROITE(35)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
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Je voudrais lui remettre cette croix. Il y a longtemps déjà je faisais ce rêve : lui marié ;

moi, marraine de sa première fille, une petite Alissa, à qui je donnais ce bijou… Pourquoi

n’ai-je jamais osé le lui dire ?

2 octobre.

Mon âme est légère et joyeuse aujourd’hui comme un oiseau qui aurait fait son nid dans

le ciel. C’est aujourd’hui qu’il doit venir ; je le sens, je le sais ; je voudrais le crier à tous ;

j’ai besoin de l’écrire ici. Je ne veux plus cacher ma joie. Même Robert, si distrait

d’ordinaire et si indifférent à moi, l’a remarquée. Ses questions m’ont troublée et je n’ai su

quoi lui répondre. Comment vais-je attendre à ce soir ?…

Je ne sais quel transparent bandeau me présente partout agrandie son image et

concentre tous les rayons de l’amour sur un seul point brûlant de mon cœur.

Oh ! que l’attente me fatigue !…

Seigneur ! entr’ouvrez un instant devant moi les larges vantaux du bonheur.

3 octobre.

Tout s’est éteint. Hélas ! il s’est échappé d’entre mes bras, comme une ombre. Il était

là ! Il était là ! Je le sens encore. Je l’appelle. Mes mains, mes lèvres le cherchent en vain

dans la nuit…

Je ne puis ni prier, ni dormir. Je suis ressortie dans le jardin sombre. Dans ma chambre,

dans toute la maison, j’avais peur ; ma détresse m’a ramenée jusqu’à la porte derrière

laquelle je l’avais laissé ; j’ai rouvert cette porte avec une folle espérance ; s’il était

revenu ! J’ai appelé. J’ai tâtonné dans les ténèbres. Je suis rentrée pour lui écrire. Je ne

peux accepter mon deuil.

Que s’est-il donc passé ? Que lui ai-je dit ? Qu’ai-je fait ? Quel besoin devant lui

d’exagérer toujours ma vertu ? De quel prix peut être une vertu que mon cœur tout entier

renie ? Je mentais en secret aux paroles que Dieu proposait à mes lèvres… De tout ce qui

gonflait mon cœur, rien n’est sorti. Jérôme ! Jérôme, mon ami douloureux près de qui mon

cœur se déchire, et loin de qui je meurs, de tout ce que je te disais tantôt, n’écoute rien que

ce qui te racontait mon amour.

Déchiré ma lettre ; puis récrit… Voici l’aube ; grise, mouillée de pleurs, aussi triste que

ma pensée… J’entends les premiers bruits de la ferme et tout ce qui dormait reprend vie…

« À présent levez-vous. Voici l’heure… »

Ma lettre ne partira pas.

5 octobre.

Dieu jaloux, qui m’avez dépossédée, emparez-vous donc de mon cœur. Toute chaleur

désormais l’abandonne et rien ne l’intéressera plus. Aidez-moi donc à triompher de ce

triste restant de moi- même. Cette maison, ce jardin encouragent intolérablement mon

amour. Je veux fuir en un lieu où je ne verrai plus que Vous.

Vous m’aiderez à disposer pour vos pauvres de ce que je possédais de fortune ; laissez-

moi disposer en faveur de Robert, de Fongueusemare que je ne puis vendre aisément. J’ai

bien écrit un testament, mais j’ignore la plupart des formalités nécessaires, et hier je n’ai pu

causer suffisamment avec le notaire, craignant qu’il ne soupçonnât la décision que j’ai prise

et n’avertît Juliette ou Robert… Je compléterai cela à Paris.

10 octobre.

Suis arrivée ici si fatiguée que j’ai dû rester couchée les deux premiers jours. Le

médecin qu’on a fait venir contre mon gré parle d’une opération qu’il juge nécessaire. À

quoi bon protester ? mais je lui ai fait aisément croire que cette opération m’effrayait et que

je préférais attendre d’avoir repris quelques forces.

J’ai pu cacher mon nom, mon adresse. J’ai déposé au bureau de la maison suffisamment

d’argent pour qu’on ne fît point difficulté de me recevoir et de me garder autant de temps

que Dieu va le juger encore nécessaire.

Cette chambre me plaît. La parfaite propreté suffit à l’ornement des murs. J’étais tout

étonnée de me sentir presque joyeuse. C’est que je n’espère plus rien de la vie. C’est qu’il

faut à présent que je me contente de Dieu, et que son amour n’est exquis que s’il occupe en

nous toute la place…

Je n’ai pris avec moi d’autre livre que la Bible ; mais aujourd’hui, plus haut que les

paroles que j’y lis, résonne en moi ce sanglot éperdu de Pascal :

« Tout ce qui n’est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. »

Ô trop humaine joie que mon cœur imprudent souhaitait… Est-ce pour obtenir ce cri,

Seigneur ! que vous m’avez désespérée ?

12 octobre.

Que votre règne vienne ! Qu’il vienne en moi ; de sorte que vous seul régniez sur moi ;

et régniez sur moi tout entière. Je ne veux plus vous marchander mon cœur.

Fatiguée comme si j’étais très vieille, mon âme garde une étrange puérilité. Je suis

encore la petite fille que j’étais, qui ne pouvait pas s’endormir que tout ne fût en ordre dans

sa chambre, et bien pliés au chevet du lit les vêtements quittés…

C’est ainsi que je voudrais me préparer à mourir.

13 octobre.

Relu mon journal avant de le détruire. Il est indigne des grands cœurs de répandre le

trouble qu’ils ressentent. Elle est de Clotilde de Vaux, je crois, cette belle parole.

À l’instant de jeter au feu ce journal, une sorte d’avertissement m’a retenue ; il m’a

paru qu’il ne m’appartenait déjà plus à moi-même ; que je n’avais pas le droit de l’enlever

à Jérôme ; que je ne l’avais jamais écrit que pour lui. Mes inquiétudes, mes doutes me

paraissent si dérisoires aujourd’hui que je ne puis plus y attacher d’importance ni croire

que Jérôme puisse en être troublé. Mon Dieu, laissez qu’il y surprenne parfois l’accent

malhabile d’un cœur désireux jusqu’à la folie de le pousser jusqu’à ce sommet de vertu que

je désespérais d’atteindre.

« Mon Dieu, conduisez-moi sur ce rocher que je ne puis atteindre. »

15 octobre.

« Joie, joie, joie, pleurs de joie… »

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