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LA PORTE ÉTROITE(22)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Édouard et Juliette nous ont quitts ce matin. Cest ma petite filleule surtout que je regrette; quand je la reverr
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Édouard et Juliette nous ont quittés ce matin. Cest ma petite filleule surtout que je regrette ; quand je la reverrai, dans six mois, je ne reconnaîtrai plus tous ses gestes ; elle nen avait encore presque pas un que je ne lui eusse vu inventer. Les formations sont toujours si mystérieuses et surprenantes ! cest par défaut dattention que nous ne nous étonnons pas plus souvent. Que dheures jai passées, penchée sur ce petit berceau plein despérance. Par quel égoïsme, quelle suffisance, quelle inappétence du mieux, le développement sarrête-t-il si vite, et toute créature se fixe-t-elle encore si distante de Dieu ? Oh ! si pourtant nous pouvions, nous voulions nous rapprocher de Lui davantage.

quelle émulation ce serait ! Juliette paraît très heureuse. Je mattristais dabord de la voir renoncer au piano et à la lecture ; mais Édouard Teissières naime pas la musique et na pas grand goût pour les livres ; sans doute Juliette agit-elle sagement en ne cherchant pas ses joies où lui ne pourrait pas la suivre. Par contre, elle prend intérêt aux occupations de son mari, qui la tient au courant de toutes ses affaires. Elles ont pris beaucoup dextension cette année ; il samuse à dire que cest à cause de son mariage qui lui a valu une importante clientèle au Havre. Robert la accompagné dans son dernier voyage daffaires ; Édouard est plein dattention pour lui, prétend comprendre son caractère et ne désespère pas de le voir prendre sérieusement goût à ce genre de travail.

Père va beaucoup mieux ; de voir sa fille heureuse le rajeunit ; il sintéresse de nouveau à la ferme, au jardin, et tantôt ma demandé de reprendre la lecture à voix haute que nous avions commencée avec Miss Ashburton et que le séjour des Tessières avait interrompue ; ce sont les voyages du baron de Hübner que je leur lis ainsi ; moi-même jy prends grand plaisir. Je vais maintenant avoir plus de temps pour lire aussi de mon côté ; mais jattends de toi quelques indications ; jai, ce matin, pris lun après lautre plusieurs livres sans me sentir de goût pour un seul !.

Les lettres dAlissa devinrent à partir de ce moment, plus troubles et plus pressantes : La crainte de tinquiéter ne me laisse pas te dire combien je tattends, mécrivait-elle vers la fin de lété. Chaque jour à passer avant de te revoir pèse sur moi, moppresse.

Deux mois encore ! Cela me paraît plus long que tout le temps déjà passé loin de toi ! Tout ce que jentreprends pour tâcher de tromper mon attente me paraît dérisoirement provisoire et je ne puis mastreindre à rien. Les livres sont sans vertu, sans charme, les promenades sans attrait, la nature entière sans prestige, le jardin décoloré, sans parfums.

Jenvie tes corvées, ces exercices obligatoires et non choisis par toi, qui tarrachent sans cesse à toi-même, te fatiguent, dépêchent tes journées, et, le soir, te précipitent, plein de fatigue, dans le sommeil. Lémouvante description que tu mas faite des manœuvres ma hantée. Ces dernières nuits où je dormais mal, plusieurs fois je me suis réveillée en sursaut à lappel de la diane ; positivement, je lentendais. Jimagine si bien cette sorte divresse légère dont tu parles, cette allégresse matinale, ce demi-vertigeDans léblouissement glacé de laube, que ce plateau de Malzéville devait être beau !.

Je vais un peu moins bien depuis quelque temps ; oh ! rien de grave. Je crois que je tattends un peu trop fort, simplement.

Et six semaines plus tard : Voici ma dernière lettre, mon ami. Si peu fixé que tu sois encore sur la date de ton retour, elle ne peut beaucoup tarder ; je ne pourrais plus rien técrire. Cest à Fongueusemare que jaurais désiré te revoir, mais la saison est devenue mauvaise, il fait très froid et père ne parle plus que de rentrer en ville. À présent que Juliette ni Robert ne sont plus avec nous, nous pourrions aisément te loger, mais il vaut mieux que tu descendes chez tante Félicie, qui sera heureuse elle aussi de te recevoir.

À mesure que le jour de notre revoir se rapproche, mon attente devient plus anxieuse ; cest presque de lappréhension ; ta venue tant souhaitée, il me semble, à présent, que je la redoute ; je mefforce de ny plus penser ; jimagine ton coup de sonnette, ton pas dans lescalier, et mon cœur cesse de battre ou me fait malSurtout ne tattends pas à ce que je puisse te parlerJe sens sachever là mon passé ; au- delà je ne vois rien ; ma vie sarrête.

Quatre jours après, cest-à-dire une semaine avant ma libération, je reçus pourtant encore une lettre très brève : Mon ami, je tapprouve entièrement de ne pas chercher à prolonger outre mesure ton séjour au Havre et le temps de notre premier revoir. Quaurions-nous à nous dire que nous ne nous soyons déjà écrit ? Si donc des inscriptions à prendre te rappellent à Paris dès le 28, nhésite pas, ne regrette même pas de ne pouvoir nous donner plus de deux jours.

Naurons-nous pas toute la vie ? 

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