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LA PORTE ÉTROITE(18)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Me souvenant de notre conversation, je ne lui cris plus aussi longuement que par le pass, pour ne pas le troubler dans s
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Me souvenant de notre conversation, je ne lui écris plus aussi longuement que par le passé, pour ne pas le troubler dans son travail. Tu vas trouver sans doute que je me dédommage en parlant de lui dautant plus ; de peur de continuer, jarrête vite ma lettre ; pour cette fois, ne me gronde pas trop.

Quelles réflexions me suggéra cette lettre ! Je maudis lindiscrète intervention de ma tante (quétait-ce que cette conversation à laquelle Alissa faisait allusion et qui me valait son silence ?), la maladroite attention qui la poussait à me communiquer ceci. Si déjà je supportais mal le silence dAlissa, ah ! ne valait-il pas mieux mille fois me laisser ignorer que, ce quelle ne me disait plus, elle lécrivait à quelque autre ! Tout mirritait ici : et de lentendre raconter si facilement à ma tante les menus secrets dentre nous, et le ton naturel, et la tranquillité, le sérieux, lenjouement.

 Mais non, mon pauvre ami ! rien ne tirrite, dans cette lettre, que de savoir quelle ne test pas adressée, me dit Abel, mon compagnon quotidien, Abel à qui seul je pouvais parler et vers qui, dans ma solitude, me repenchaient sans cesse faiblesse, besoin plaintif de sympathie, défiance de moi, et, dans mon embarras, crédit que jattachais à son conseil, malgré la différence de nos natures, ou à cause delle plutôt.

 Étudions ce papier, dit-il en étalant la lettre sur son bureau.

Trois nuits avaient déjà passé sur mon dépit que javais su garder par devers moi quatre jours ! Jen venais presque naturellement à ce que mon ami sut me dire :  La partie Juliette-Teissières, nous labandonnons au feu de lamour, nest-ce pas ? Nous savons ce quen vaut la flamme. Parbleu ! Teissières me paraît bien le papillon quil faut pour sy brûler.

 Laissons cela, lui dis-je, offusqué par ses plaisanteries. Venons au reste.

 Le reste ? fit-ilTout le reste est pour toi. Plains-toi donc ! Pas une ligne, pas un mot que ta pensée nemplisse. Autant dire que la lettre entière test adressée ; tante Félicie, en te la renvoyant, na fait que la retourner à son véritable destinataire ; cest faute de toi quAlissa sadresse à cette brave femme comme au premier pis aller ; quest- ce que peuvent bien lui faire, à ta tante, les vers de Corneille ! qui, entre parenthèses, sont de Racine ; cest avec toi quelle cause, te dis-je ; cest à toi quelle dit tout cela. Tu nes quun niais si ta cousine, avant quinze jours, ne técrit pas tout aussi longuement, aisément, agréablement.

 Elle nen prend guère le chemin !  Il ne tient quà toi quelle le prenne ! Tu veux mon conseil ? Ne souffle plus mot, dicilongtemps, damour ni de mariage entre vous ; ne vois-tu pas que, depuis laccident de sa sœur, cest à cela quelle en veut ? Travaille sur la fibre fraternelle et parle-lui de Robert inlassablement puisque tu trouves la patience de toccuper de ce crétin. Continue simplement damuser son intelligence ; tout le reste suivra. Ah ! si cétait à moi de lui écrire !.

 Tu ne serais pas digne de laimer.

Je suivis néanmoins le conseil dAbel ; et bientôt en effet les lettres dAlissa recommencèrent de sanimer ; mais je ne pouvais espérer de vraie joie de sa part, ni dabandon sans réticences avant que la situation, sinon le bonheur de Juliette, fût assurée.

Les nouvelles quAlissa me donnait de sa sœur devenaient cependant meilleures. Son mariage devait se célébrer en juillet. Alissa mécrivait quelle pensait bien quà cette date Abel et moi serions retenus par nos étudesJe compris quelle jugeait préférable que nous ne parussions pas à la cérémonie, et, prétextant quelque examen, nous nous contentâmes denvoyer nos vœux.

Quinze jours environ après ce mariage, voici ce que mécrivit Alissa : Mon cher Jérôme, Juge de ma stupeur, hier, en ouvrant au hasard le joli Racine que tu mas donné, dy retrouver les quatre vers de ton ancienne petite image de Noël, que je garde depuis bientôt dix ans dans ma Bible.

Quel charme vainqueur du monde Vers Dieu mélève aujourdhui ? Malheureux lhomme qui fonde Sur les hommes son appui ! Je les croyais extraits dune paraphrase de Corneille, et javoue que je ne les trouvais pas merveilleux. Mais, continuant la lecture du IV e Cantique spirituel, je tombe sur des strophes tellement belles que je ne puis me retenir de te les copier. Sans doute tu les connais déjà, si jen juge daprès les indiscrètes initiales que tu as mises en marge du volume (javais pris lhabitude en effet de semer mes livres et ceux dAlissa de la première lettre de son nom, en regard de chacun des passages que jaimais et voulais lui faire connaître).

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