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LA PORTE ÉTROITE(36)

时间:2025-09-17来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Au-dessus de la joie humaine et par del toute douleur, oui, je pressens cette joieradieuse. Ce rocher o je ne puis attei
(单词翻译:双击或拖选)

Au-dessus de la joie humaine et par delà toute douleur, oui, je pressens cette joie

radieuse. Ce rocher où je ne puis atteindre, je sais bien quil a nom : bonheurJe

comprends que toute ma vie est vaine sinon pour aboutir au bonheurAh ! pourtant vous

le promettiez, Seigneur, à lâme renonçante et pure. « Heureux dès à présent, disait votre

sainte parole, heureux dès à présent ceux qui meurent dans le Seigneur. » Dois-je attendre

jusquà la mort ? Cest ici que ma foi chancelle. Seigneur ! Je crie à vous de toutes mes

forces. Je suis dans la nuit ; jattends laube. Je crie à Vous jusquà mourir. Venez

désaltérer mon cœur. De ce bonheur jai soif aussitôtOu dois- je me persuader de

lavoir ? Et comme limpatient oiseau qui crie par devant laurore, appelant plus

quannonçant le jour, dois-je nattendre pas le pâlissement de la nuit pour chanter ?

16 octobre.

Jérôme, je voudrais tenseigner la joie parfaite.

Ce matin une crise de vomissements ma brisée. Je me suis sentie, sitôt après, si faible

quun instant jai pu espérer de mourir. Mais non ; il sest dabord fait dans tout mon être

un grand calme ; puis une angoisse sest emparée de moi, un frisson de la chair et de

lâme ; cétait comme léclaircissement brusque et désenchanté de ma vie. Il me semblait

que je voyais pour la première fois les murs atrocement nus de ma chambre. Jai pris peur.

À présent encore jécris pour me rassurer, me calmer. Ô Seigneur ! puissé-je atteindre

jusquau bout sans blasphème.

Jai pu me lever encore. Je me suis mise à genoux comme un enfant

Je voudrais mourir à présent, vite, avant davoir compris de nouveau que je suis seule.

Jai revu Juliette lan passé. Plus de dix ans sétaient écoulés depuis sa dernière lettre,

celle qui mannonçait la mort dAlissa. Un voyage en Provence me fut une occasion de

marrêter à Nîmes. Avenue de Feuchères, au centre bruyant de la ville, les Teissières

habitent une maison dassez belle apparence. Bien que jeusse écrit pour annoncer ma

venue, jétais passablement ému en franchissant le seuil.

Une bonne me fit monter dans le salon où, quelques instants après, Juliette vint me

rejoindre. Je crus voir la tante Plantier : même démarche, même carrure, même cordialité

essoufflée. Elle me pressa tout aussitôt de questions dont elle nattendait pas les réponses,

sur ma carrière, mon installation à Paris, mes occupations, mes relations ; quest-ce que je

venais faire dans le Midi ? Pourquoi nirais-je pas jusquà Aigues-Vives où Édouard serait

si heureux de me voir ?Puis elle me donnait des nouvelles de tous, parlait de son mari,

de ses enfants, de son frère, de la dernière récolte, de la méventeJapprenais que Robert

avait vendu Fongueusemare, pour venir habiter Aigues- Vives ; quil était maintenant

lassocié dÉdouard, ce qui permettait à celui- ci de voyager et de soccuper plus

spécialement de la partie commerciale de laffaire, tandis que Robert restait sur les terres,

améliorant et étendant les plants.

Cependant je cherchais des yeux, inquiètement, ce qui pouvait rappeler le passé. Je

reconnaissais bien, parmi le mobilier neuf du salon, quelques meubles de Fongueusemare ;

mais ce passé qui frémissait en moi, il semblait que Juliette à présent lignorât ou prît à

tâche de nous en distraire.

Deux garçons de douze et treize ans jouaient dans lescalier ; elle les appela pour me les

présenter. Lise, laînée de ses enfants, avait accompagné son père à Aigues-Vives. Un autre

garçon de dix ans allait rentrer de promenade ; cest celui dont Juliette mavait annoncé la

naissance prochaine en mannonçant aussi notre deuil. Cette dernière grossesse ne sétait

pas terminée sans peine ; Juliette en était restée longtemps éprouvée ; puis, lan passé,

comme se ravisant, elle avait donné le jour à une petite fille quil semblait, à lentendre

parler, quelle préférât à ses autres enfants.

 Ma chambre, où elle dort, est à côté, dit-elle ; viens la voir. Et comme je la suivais :

Jérôme, je nai pas osé te lécrireconsentirais-tu à être parrain de cette petite ?

 Mais jaccepte volontiers, si cela doit têtre agréable, dis-je, un peu surpris, en me

penchant vers le berceau. Quel est le nom de ma filleule ?

 Alissarépondit Juliette à voix basse. Elle lui ressemble un peu, ne trouves-tu pas ?

Je serrai la main de Juliette sans répondre. La petite Alissa, que sa mère soulevait,

ouvrit les yeux ; je la pris dans mes bras.

 Quel bon père de famille tu ferais ! dit Juliette en essayant de rire. Quattends-tu pour

te marier ?

 Davoir oublié bien des choses ; et je la regardai rougir.

 Que tu espères oublier bientôt ?

 Que je nespère pas oublier jamais.

 Viens par ici, dit-elle brusquement, en me précédant dans une pièce plus petite et déjà

sombre, dont une porte ouvrait sur sa chambre et lautre sur le salon. Cest là que je me

réfugie quand jai un instant ; cest la pièce la plus tranquille de la maison ; je my sens

presque à labri de la vie.

La fenêtre de ce petit salon nouvrait pas, comme celle des autres pièces, sur les bruits

de la ville, mais sur une sorte de préau planté darbres.

 Asseyons-nous, dit-elle en se laissant tomber dans un fauteuil. Si je te comprends

bien, cest au souvenir dAlissa que tu prétends rester fidèle.

Je fus un instant sans répondre.

 Peut-être plutôt à lidée quelle se faisait de moiNon, ne men fais pas un mérite.

Je crois que je ne puis faire autrement. Si jépousais une autre femme, je ne pourrais faire

que semblant de laimer.

 Ah ! fit-elle, comme indifférente, puis détournant de moi son visage quelle penchait à

terre comme pour chercher je ne sais quoi de perdu : Alors tu crois quon peut garder si

longtemps dans son cœur un amour sans espoir ?

 Oui, Juliette.

 Et que la vie peut souffler dessus chaque jour sans léteindre ?

Le soir montait comme une marée grise, atteignant, noyant chaque objet qui, dans cette

ombre, semblait revivre et raconter à mi-voix son passé. Je revoyais la chambre dAlissa,

dont Juliette avait réuni là tous les meubles. À présent elle ramenait vers moi son visage,

dont je ne distinguais plus les traits, de sorte que je ne savais pas si ses yeux nétaient pas

fermés. Elle me paraissait très belle. Et tous deux nous restions à présent sans rien dire.

 Allons ! fit-elle enfin ; il faut se réveiller

Je la vis se lever, faire un pas en avant, retomber comme sans force sur une chaise

voisine ; elle passa ses mains sur son visage et il me parut quelle pleurait

Une servante entra, qui apportait la lampe.

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