Un employé de l'octroi d'une petite ville d'Allemagne vit un jour arriver un paysan français qui portait plusieurs pots de miel. Pour vexer notre compatriote, le fonctionnaire découvrit tous les pots l'un après l'autre, sous prétexte de voir s'ils ne contenaient aucun objet de contrebande. Le miel étant ainsi découvert attira une nuée de mouches qui le gâtèrent tellement qu'il fut impossible au paysan de le vendre. Il porta plainte devant le bourgmestre, et demanda qu'on lui rendît au moins ce qu'il avait payé pour le droit d'entrée. Le bourgmestre examina l'affaire, puis il déclara que l'employé ne méritait aucun reproche, et que les mouches, auteurs de tout le mal, devaient seules être punies: il permit donc au paysan de les tuer sans pitié partout où il les rencontrerait. Le rusé paysan pria le bourgmestre de lui donner sa décision par écrit, et dès qu'il eut l'écrit entre les mains, une mouche vint lui fournir l'occasion de faire repentir le juge de sa mauvaise plaisanterie. Elle s'était posée sur la joue du bourgmestre, et le paysan s'empressant aussitôt d'exécuter la sentence, appliqua sur la mouche, si bien placée à sa portée, un soufflet plus que suffisant pour l'écraser. Le bourgmestre chancela sous le coup et se mit en fureur contre le paysan; mais celui-ci se contenta de lui montrer le papier qu'il avait signé et se retira fort tranquillement.