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【法语故事】L’Ombre (4)

时间:2020-11-30来源:互联网 进入法语论坛
核心提示: Sois tranquille ! je ne diraipersonne qui tu es. Voici ma main, je te lepromets. Un homme est un homme, et une parole
(单词翻译:双击或拖选)
 – Sois tranquille ! je ne dirai à personne qui tu es. Voici ma main, je te le
promets. Un homme est un homme, et une parole…
– Et une parole est une ombre.
À ces mots, l’Ombre s’assit, et, soit par orgueil, soit pour se l’attacher,
elle posa ses pieds chaussés de bottines vernies sur le bras de la nouvelle
ombre qui gisait aux pieds de son maître comme un caniche. Celle-ci se tint
bien tranquille pour écouter, impatiente d’apprendre comment elle pourrait
s’affranchir et devenir son propre maître.
« Devinez un peu qui demeurait dans la chambre du voisin ! commença
la première Ombre ; c’était une personne charmante, c’était la Poésie. J’y
suis resté pendant trois semaines, et ce temps a valu pour moi trois mille
ans. J’y ai lu tous les poèmes possibles, je les connais parfaitement. Par eux
j’ai tout vu et je sais tout.
– La Poésie ! s’écria le savant ; oui, c’est vrai, elle n’est souvent qu’un
ermite au milieu des grandes villes. Je l’ai vue un instant, mais le sommeil
pesait sur mes yeux. Elle brillait sur le balcon comme une aurore boréale.
Voyons ! continue. Une fois entré par la porte entrouverte…
– Je me trouvai dans l’antichambre ; il y faisait à peu près noir, mais
j’aperçus devant moi une file immense de chambres dont les portes étaient
ouvertes à deux battants. La lumière s’y faisait peu à peu, et, sans les
précautions que je pris, j’aurais été foudroyé par les rayons avant d’arriver
à la demoiselle.
– Enfin que voyais-tu ? demanda le savant.
– Je voyais tout, comme je vous le disais tout à l’heure. Certes, ce n’est
pas par fierté ; mais comme homme libre, et avec mes connaissances, sans
parler de ma position et de ma fortune, je désire que vous ne me tutoyiez pas.
– Je vous demande pardon ; c’est une ancienne habitude. Vous avez
parfaitement raison, cela ne m’arrivera plus. Enfin que voyiez-vous ?
– Tout ! j’ai tout vu et je sais tout.
– Quel aspect vous offraient les salles de l’intérieur ? Ressemblaient-elles
à une fraîche forêt, à une sainte église ou au ciel étoilé ?
– Elles ressemblaient à tout cela. Il est vrai que je ne les traversai pas ;
mais, de l’antichambre, je vis tout.
– Mais enfin, les dieux de l’antiquité passaient-ils par ces grandes salles ?
Les anciens héros y combattaient-ils ? Est-ce que des enfants charmants y
jouaient et racontaient leurs rêves ?
– Je vous répète encore une fois que j’ai tout vu. En y entrant, vous ne
seriez pas devenu un homme ; mais moi j’en devins un. J’y appris à connaître
ma véritable nature, mes talents et ma parenté avec la Poésie. Lorsque j’étais
encore avec vous, je n’y réfléchissais jamais ; mais vous devez vous rappeler
comme je grandissais toujours au lever et au coucher du soleil. 
 
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