À l’approche de la nuit, on aperçut la magnifique capitale avec ses églises
et ses coupoles. Le roi conduisit Élisa dans son château, où des jets d’eau
s’élevaient dans de hautes salles de marbre dont les murs et les plafonds
étaient couverts de peintures admirables. Mais, au lieu de regarder toute
cette magnificence Élisa pleurait et se désolait. Cependant les dames du
château la revêtirent d’habits royaux, tressèrent des perles dans ses cheveux
et couvrirent ses mains blessées de gants fins et moelleux.
Elle était si admirablement belle dans cette parure que tous les courtisans
s’inclinèrent devant elle jusqu’à terre, et que le roi la choisit pour épouse,
quoique l’archevêque secouât la tête en murmurant que cette jolie fille de la
forêt n’était peut-être qu’une sorcière qui éblouissait les yeux et ensorcelait
le cœur du roi.
Mais le roi, sans y prendre garde, fit jouer de la musique et servir les
plats les plus exquis. Les plus belles filles du pays formèrent des danses
autour d’Élisa, et la conduisirent par des jardins parfumés dans des salons
magnifiques. Cependant aucun sourire ne parut sur ses lèvres ou dans ses
yeux ; la douleur seule s’y montrait comme son éternel partage.
Enfin le roi ouvrit la porte d’une petite chambre où Élisa devait dormir ;
cette pièce était ornée de précieux tapis verts qui rappelaient exactement la
caverne d’où elle sortait. Sur le sol se trouvait le paquet de filasse provenant
des orties, et au plafond était suspendue la tunique qu’elle avait tissée. Un
des chasseurs avait emporté tout cela comme des curiosités.
« Tu pourras rêver ici à ton ancienne demeure, dit le roi ; voici le travail
qui t’a occupée ; au milieu de la splendeur qui t’entourera, tu seras contente
de penser quelquefois au temps passé. »