【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée II (8)
Aussitôt il me tourna le dos et s’éloigna rapidement. Je revins à mon
auberge un peu penaud et d’assez mauvaise humeur. Le pire fut qu’en me
déshabillant je m’aperçus que ma montre me manquait.
Diverses considérations m’empêchèrent d’aller la réclamer le lendemain,
ou de solliciter M. le corrégidor de vouloir bien la faire chercher. Je terminai
mon travail sur le manuscrit des Dominicains et je partis pour Séville.
Après plusieurs mois de courses errantes en Andalousie, je voulus retourner
à Madrid, et il me fallut repasser par Cordoue. Je n’avais pas l’intention
d’y faire un long séjour, car j’avais pris en grippe cette belle ville et les
baigneuses du Guadalquivir. Cependant quelques amis à revoir, quelques
commissions à faire devaient me retenir au moins trois ou quatre jours dans
l’antique capitale des princes musulmans.
Dès que je reparus au couvent des Dominicains, un des pères qui m’avait
toujours montré un vif intérêt dans mes recherches sur l’emplacement de
Munda, m’accueillit les bras ouverts, en s’écriant :
– Loué soit le nom de Dieu ! Soyez le bienvenu, mon cher ami. Nous
vous croyions tous mort, et moi, qui vous parle, j’ai récité bien des pater et
des ave, que je ne regrette pas, pour le salut de votre âme. Ainsi vous n’êtes
pas assassiné, car pour volé nous savons que vous l’êtes.