Rabelais, à ce qu'on raconte, se trouva un jour à Lyon sans argent pour payer son hôte, et en même temps il se voyait dans l'impossibilité de continuer son voyage jusqu'à Paris. L'ingénieux auteur eut alors recours au stratagème suivant: il fit écrire, par un enfant, des étiquettes qu'il colla sur de petits sachets; elles portaient les mots: poison pour le roi, poison pour la reine, poison pour le dauphin. L'enfant effrayé prévint l'aubergiste et celui-ci, pris d'un beau zèle, fit aussitôt arrêter notre homme. Rabelais fut conduit à Paris sous bonne escorte..., et aux frais de l'État. Arrivé dans la capitale, il demanda qu'on le menât[1] immédiatement devant le roi. François I, en reconnaissant le prétendu criminel qu'on lui présentait, devina qu'il s'agissait de quelque beau tour. Il se fit conter les faits et en rit beaucoup avec le héros de l'aventure. C'est dans cette anecdote qu'il faudrait, d'après certains auteurs, voir l'origine d'une expression bien connue: nous voulons parler du «quart d'heure de Rabelais.» On appelle ainsi le moment quelquefois embarrassant où il faut délier les cordons de la bourse, et, par extension, tout moment fâcheux et désagréable.--CLAUDE AUGE.
[Footnote 1: Why subjunctive?]
Où se trouvait Rabelais?--Pourquoi ne pouvait-il continuer son voyage à Paris?--De quel stratagème a-t-il usé pour y arriver?--Le garçon s'est-il effrayé?--À qui a-t-il dit la chose?--Que devint Rabelais?--Qu'est-ce qu'il a demandé une fois arrivé à Paris?--Le roi l'a-t-il reconnu?--Le roi a-t-il pris la chose en bonne ou en mauvaise part?--Fait-on quelquefois allusion à cet incident?--Quelle expression s'emploie en parlant d'une situation embarrassante?
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