Quand il se fut ainsi assuré qu'il avait trouvé le fils de la dame malade, il comprit qu'il était de son devoir de le dire, nonobstant le chagrin qu'aurait sa chère Sylvine.
Il alla auprès de M. Desnues et lui dit:
«Mon officier, ma femme et moi nous avons trouvé l'autre nuit, en revenant de la foire, un petit enfant endormi sur la route. Il dit qu'il s'appelle René et qu'il est de Metz.»
En entendant ces mots, M. Desnues embrassa le paysan avec effusion, sans pouvoir prononcer une parole, tant sa joie était grande. Une petite servante, qui avait tout entendu, monta les escaliers quatre à quatre, et, ouvrant avec fracas la porte de la chambre de la malade, elle cria:
«Le petit est retrouvé!»
Mme Desnues, oubliant son extrême faiblesse, se leva vivement, descendit en courant l'escalier, et, traversant la cuisine, elle vint tomber dans les bras de son mari en s'écriant:
«Où est-il? où est René?»
Puis elle perdit connaissance.
Pendant qu'on la faisait revenir à elle, l'officier acheta tous les légumes de Jacques, qui les porta dans la cuisine, tandis que M. Desnues faisait atteler une mauvaise carriole qui se trouvait dans la cour. Il dit à Jacques d'y monter avec lui et de le mener où était son fils.
La pauvre mère, entendant cela, voulut aller aussi retrouver son enfant, quelque prière qu'on lui fît pour qu'elle attendît au lit le retour de René. Elle monta en voiture, et Jacques les eut bientôt conduits à sa cabane.
Mme Desnues aperçut la première son enfant, assis dans la cour et paraissant assez triste. Sylvine, à genoux près de lui, lui faisait manger une appétissante soupe au lait. Le bruit de la voiture ayant attiré l'attention de René, il laissa la soupe et s'élança en criant: