【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée I (11)
Il était évident qu’Antonio voulait me parler en particulier ; mais je ne
me souciais pas de donner des soupçons à don José, et, au point où nous
en étions, il me semblait que le meilleur parti à prendre était de montrer
la plus grande confiance. Je répondis donc à Antonio que je n’entendais
rien aux chevaux, et que j’avais envie de dormir. Don José le suivit à
l’écurie, d’où bientôt il revint seul. Il me dit que le cheval n’avait rien,
mais que mon guide le trouvait un animal si précieux, qu’il le frottait avec
sa veste pour le faire transpirer, et qu’il comptait passer la nuit dans cette
douce occupation. Cependant, je m’étais étendu sur les couvertures de mulet,
soigneusement enveloppé dans mon manteau, pour ne pas les toucher. Après
m’avoir demandé pardon de la liberté qu’il prenait de se mettre auprès de
moi, don José se coucha devant la porte, non sans avoir renouvelé l’amorce
de son espingole, qu’il eut soin de placer sous la besace qui lui servait
d’oreiller. Cinq minutes après nous être mutuellement souhaité le bonsoir,
nous étions l’un et l’autre profondément endormis.