【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée II (10)
Mon Dominicain insista tellement pour que je visse les apprêts du
« petit pendement pien choli », que je ne pus m’en défendre. J’allai voir le
prisonnier, muni d’un paquet de cigares qui, je l’espérais, devaient lui faire
excuser mon indiscrétion.
On m’introduisit auprès de don José, au moment où il prenait son repas.
Il me fit un signe de tête assez froid, et me remercia poliment du cadeau
que je lui apportais. Après avoir compté les cigares du paquet que j’avais
mis entre ses mains, il en choisit un certain nombre, et me rendit le reste,
observant qu’il n’avait pas besoin d’en prendre davantage.
Je lui demandai si, avec un peu d’argent, ou par le crédit de mes amis,
je pourrais obtenir quelque adoucissement à son sort. D’abord il haussa les
épaules en souriant avec tristesse ; bientôt, se ravisant, il me pria de faire
dire une messe pour le salut de son âme.
– Voudriez-vous, ajouta-t-il timidement, voudriez-vous en faire dire une
autre pour une personne qui vous a offensé ?
– Assurément, mon cher, lui dis-je ; mais personne, que je sache, ne m’a
offensé en ce pays.