【法国文学】卡门Carmen --Prosper Mérimée II (11)
Il me prit la main et la serra d’un air grave. Après un moment de silence,
il reprit :
– Oserai-je encore vous demander un service ?... Quand vous reviendrez
dans votre pays, peut-être passerez-vous par la Navarre ; au moins vous
passerez par Vittoria, qui n’en est pas fort éloignée.
– Oui, lui dis-je, je passerai certainement par Vittoria ; mais il n’est pas
impossible que je me détourne pour aller à Pampelune, et, à cause de vous,
je crois que je ferais volontiers ce détour.
– Eh bien ! si vous allez à Pampelune, vous y verrez plus d’une chose qui
vous intéressera... C’est une belle ville... Je vous donnerai cette médaille
(il me montrait une petite médaille d’argent qu’il portait au cou), vous
l’envelopperez dans du papier... il s’arrêta un instant pour maîtriser son
émotion... et vous la remettrez ou vous la ferez remettre à une bonne femme
dont je vous dirai l’adresse. – Vous direz que je suis mort, vous ne direz pas
comment.
Je promis d’exécuter sa commission. Je le revis le lendemain, et je passai
une partie de la journée avec lui. C’est de sa bouche que j’ai appris les tristes
aventures qu’on va lire.