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法语初级阅读:LE PETIT COLPORTEUR.

时间:2024-05-14来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:La mre Marchais tait une pauvre veuve qui avait perdu tous ses enfants. La plus jeune de ses filles, veuve aussi, lui av
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La mère Marchais était une pauvre veuve qui avait perdu tous ses enfants. La plus jeune de ses filles, veuve aussi, lui avait laissé en mourant un petit garçon qu'elle élevait de son mieux. Comme elle était au pain de charité, et que le peu d'argent qu'elle gagnait en filant n'eût pas suffi pour nourrir son petit Toine, elle aurait été obligée de l'envoyer mendier, en attendant qu'il fût en âge de servir dans quelque ferme, si des personnes charitables n'eussent habillé l'enfant et payé le loyer de la grand'mère. Au lieu de laisser vagabonder le petit Toine, la bonne vieille l'envoya à l'école, où il apprit à bien lire, à écrire et à compter. Il fit sa première communio à douze ans, et ensuite il dit à sa grand'mère:
 
«Maintenant que je suis grand, je puis gagner ma vie comme vous; mais je ne me sens pas de goût pour garder les bestiaux, parce qu'il me semble que je ne pourrais pas rester toute une journée les bras croisés à regarder paître mes bêtes. J'ai dans l'idée que si je pouvais faire un petit commerce, je ne m'en tirerais pas mal; j'irais de ferme en ferme, de village en village, et chaque soir je reviendrais souper avec vous; de cette façon-là, nous resterions ensemble, et nous serions bien plus heureux que si je vous quittais pour aller en condition.
 
—Et de l'argent, mon pauvre garçon? où donc en prendre? Sans argent, point de commerce.
 
—Grand'mère, si nous allions voir M. le curé qui est si bon? je suis bien sûr qu'il ne se refuserait pas à me prêter cinq francs; et, comme je ne plaindrai pas ma peine, je les lui aurai bientôt rendus.»
 
Ils allèrent donc chez M. le curé, qui prêta volontiers cinq francs à Toine, parce qu'il l'avait toujours connu pour un enfant sage et de bonne conduite; il lui recommanda d'être honnête garçon dans son petit commerce, et de ne tromper personne.
 
La mère Marchais donna au charron du village trois francs qu'elle économisait depuis longtemps, pour qu'il fît une boîte au petit Toine, qui la demanda en bois blanc, afin qu'elle fût plus légère; et l'on y mit des charnières et un cadenas.
 
Quand Toine eut sa boîte, il mit ses habits des dimanches, et fut en ville avec sa grand'mère, chez un marchand mercier, à qui il raconta son projet d'être colporteur; il lui dit aussi que c'était M. le curé qui lui avait prêté cinq francs pour acheter de la marchandise.
 
Le marchand était un brave homme; voyant un enfant de si bonne mine et de si bon courage, il lui fit une fourniture complète qui monta à dix francs, en lui faisant crédit de cinq francs; il remplit la boîte de lacets, de ganses, d'épingles, d'aiguilles, et même d'allumettes chimiques, sans compter le cirage, le coton à coudre et à marquer, et le fil noir et blanc.
 
Toine revint bien content au village. Chaque matin, il se levait avant le soleil et partait pour aller de côté et d'autre vendre sa marchandise. Les premières semaines, il rentra tous les soirs, puis ensuite il s'aventura plus loin; quand il ne pouvait pas revenir le soir, il couchait dans le fenil d'une métairie quelconque, et on lui donnait toujours à souper sans le faire payer, car les gens de la campagne ont bon coeur, et tout le monde s'intéressait à cet enfant, en lui voyant un si grand désir de gagner honnêtement sa vie.
 
Au bout de trois semaines il eut tout vendu. Il voulut payer au marchand ce que celui-ci lui avait avancé. Mais, en voyant combien Toine s'était donné de peine, le marchand fit un nouveau crédit de cinq francs, et cette fois Toine emporta pour quinze francs d'objets différents, parmi lesquels se trouvait une pièce de dentelle à trois sous le mètre.
 
Toine partit du village en laissant quelques sous à sa grand'mère, et lui dit qu'il ne reviendrait pas de la semaine, parce qu'il voulait aller au loin pour se faire de nouvelles pratiques. En effet, il ne rentra que le dimanche au matin, après avoir vendu presque tout le contenu de sa boîte. Après la messe, il alla trouver M. le curé à qui il rendit les cinq francs qu'il avait eu la bonté de lui prêter, et il le remercia beaucoup. Il lui devait le bonheur de gagner la vie de sa vieille grand'mère; car, sans cet argent, il n'eût pu commencer son petit commerce et on ne lui aurait pas fait crédit.
 
Quand il revit le marchand, il lui conta comment il s'était défait de toute sa marchandise en une semaine, et comment il s'était fait trente francs. Le digne homme, reconnaissant chez Toine les qualités nécessaires pour réussir dans le commerce, lui confia pour cinquante francs de marchandise, ce qui, avec vingt francs que lui paya l'enfant, fit un fonds de soixante-dix francs. Cette fois, Toine emporta des mouchoirs, des bas à bon marché et des bonnets de coton, sans oublier la mercerie.
 
Toine revenait tous les mois faire sa pacotille chez le bon marchand, et lui rapportait l'argent qu'il avait gagné, après avoir pris ce qui était nécessaire pour faire vivre sa grand'mère; et toujours le marchand augmentait son crédit.
 
Au bout d'un an, Toine, ayant mis de côté quelque argent, acheta des habits neufs à sa grand'mère, et lui donna pour son hiver une bonne couverture bien chaude.
 
L'année suivante, son commerce s'augmentant avec ses pratiques, il acheta un mulet pour porter ses marchandises; et, comme il vendait toujours au plus juste prix, qu'il donnait bonne mesure, et qu'il ne faisait jamais aucune dépense inutile pour lui, il vit sa petite fortune s'augmenter peu à peu, et, à vingt ans, il acheta dans son village une jolie maison entre un jardin et une chènevière. Il y établit sa pauvre grand'mère qui n'avait jamais été si heureuse. Plus tard, il acheta une voiture, et confia le reste de son argent au marchand qui l'avait aidé si généreusement, en le priant d'envoyer chaque mois à sa grand'mère, quand il serait absent, ce qui lui serait nécessaire pour subsister; car, depuis qu'il avait un peu d'aisance, il ne voulait plus qu'elle fût au pain de charité. Mais il ne restait jamais plus de trois mois sans venir embrasser la bonne femme, qui disait à tout le monde:
 
«Vous voyez bien mon Toine! il n'y a pas de garçon au monde qui vaille mieux que lui; aussi il a l'estime de tous les honnêtes gens.» 
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