Alors elle acheva de cueillir de l'herbe pour le dîner de la vache, ainsi que la vieille le lui avait recommandé. Elle en fit un gros paquet, le mit sur sa tête quand elle vit revenir la vieille apportant les cerises qu'elle avait cueillies.
En rentrant dans la vilaine maison, Hélène trouva les pauvres petits tout tremblants; ils avaient eu peur en se voyant tout seuls pendant aussi longtemps, et leurs yeux étaient gonflés à force d'avoir pleuré.
La vieille étant satisfaite de l'ouvrage qu'ils avaient fait, leur donna des gaudes pour déjeuner avec quelques cerises.
LA VIEILLE.
J'ai besoin d'aller vendre mon beurre à Haute-Pierre-le-Mouthier. Je vais vous donner votre tâche, et si je ne suis pas contente de vous, vous n'aurez pas à souper.
Raymond regarda Suzanne et se mit à pleurer.
Hélène accompagna la vieille jusqu'à l'endroit où elle avait laissé la vache. Elle remarqua bien le sentier que suivait cette femme, et quand elle la vit au bas de la montagne, sur la grande route qui allait à Haute-Pierre-le-Mouthier et qui passait devant la forge, elle rentra dans la cabane et courut embrasser les petits.
HÉLÈNE.
Vite! vite! mes chéris! sauvons-nous!
Et les prenant par la main, elle les entraîna vers le sentier. Ils descendirent le plus promptement qu'ils purent. Quand ils furent arrivés au bas de la montagne, ils se sentaient bien las; mais cela ne les empêcha pas de traverser la route et de passer le pont en courant de toutes leurs forces; ils ne s'arrêtèrent que quand ils se virent dans leur cour. Alors ils fermèrent la grille, tant ils avaient peur que la vieille ne vînt les reprendre.