Tante Monique monta, sans rien dire, dans la mansarde où couchait son neveu, découvrit le lit et y trouva les pêches. Elle appela Mme Longuet, et les lui montrant:
«Que t'avais-je dit, ma soeur!
—Monique, tu attaches trop d'importance à des espiègleries de gamin!
—Ma soeur, je te trouve bien aveugle de ne pas voir que le gamin qui, à quatorze ans, vole par espièglerie, volera plus tard par habitude. Veux-tu t'en rapporter au jugement de ton mari?
—Oh! non; ne lui parle pas de cela, Monique! il serait capable de maltraiter son fils, quoiqu'il l'aime pourtant plus que tout au monde.
—Ma soeur! ma soeur! cette indulgence nous coûtera bien des larmes!
—Laisse donc, Monique! Jules est un garçon plein d'esprit et de raison.
—C'est bien précisément ce qui augmente mes craintes; car il ne pèche pas par ignorance.»
Jules avait quinze ans, quand un parent de sa mère vint les inviter aux noces; il mariait sa fille dans une ville voisine. Il montra les bijoux qu'il venait d'acheter, parmi lesquels se trouvait une jolie épingle d'or qu'il destinait au marié, et que Jules trouva charmante.
Il fut décidé que Mme Longuet et son fils iraient aux noces, ce qui rendit Jules fort heureux.
A son retour Mme Longuet raconta que le jour même de la noce on avait pris l'épingle du marié, qui l'avait attachée aux rideaux du lit de sa belle-mère, pendant qu'il l'aidait à monter des tables pour le couvert. On avait inutilement cherché le bijou dans toute la maison, et l'on soupçonnait une jeune servante d'avoir commis ce vol.
Tante Monique ne quitta pas son neveu des yeux pendant que sa mère parlait; et comme elle le vit très-calme, elle pensa qu'il n'était pour rien dans cette aventure.
Le cordonnier qui demeurait auprès de M. Longuet l'invita, ainsi que sa famille, à venir au bal de la Saint-Crépin, qui devait être très-beau.
«Merci, voisin, dirent l'épicier et sa femme, nous ne sommes plus d'âge à danser.