CHAPITRE II La mare aux larmes (7)
« Aimer les chats ! » cria la Souris d’une voix perçante et colère. « Et
vous, les aimeriez-vous si vous étiez à ma place ? »
« Non, sans doute, » dit Alice d’une voix caressante, pour l’apaiser. « Ne
vous fâchez pas. Pourtant je voudrais bien vous montrer Dinah, notre chatte.
Oh ! si vous la voyiez, je suis sûre que vous prendriez de l’affection pour les
chats. Dinah est si douce et si gentille. » Tout en nageant nonchalamment
dans la mare et parlant moitié à part soi, moitié à la Souris, Alice continua :
« Elle se tient si gentiment auprès du feu à faire son rouet, à se lécher les
pattes, et à se débarbouiller ; son poil est si doux à caresser ; et comme elle
attrape bien les souris ! – Oh ! pardon ! » dit encore Alice, car cette fois le
poil de la Souris s’était tout hérissé, et on voyait bien qu’elle était fâchée
tout de bon. « Nous n’en parlerons plus si cela vous fait de la peine. »
« Nous ! dites-vous, » s’écria la Souris, en tremblant de la tête à la queue.
« Comme si moi je parlais jamais de pareilles choses ! Dans notre famille
on a toujours détesté les chats, viles créatures sans foi ni loi. Que je ne vous
en entende plus parler ! »