【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (58)
Chaque mois, il allait à Clamart voir monsieur Verlaque. C’était presque
une joie pour lui. Le pauvre homme traînait, au grand étonnement de Gavard,
qui ne lui avait pas donné plus de six mois. À chaque visite de
Florent, le malade lui disait qu’il se sentait mieux, qu’il avait un bien grand
désir de reprendre son travail. Mais les jours se passaient, des rechutes se
produisaient. Florent s’asseyait à côté du lit, causant de la poissonnerie,
tâchant d’apporter un peu de gaieté. Il mettait sur la table de nuit les
cinquante francs qu’il abandonnait à l’inspecteur en titre ; et celui-ci, bien
que ce fût une affaire convenue, se fâchait chaque fois, ne voulant pas
de l’argent. Puis, on parlait d’autre chose, l’argent restait sur la table.
Quand Florent partait, madame Verlaque l’accompagnait jusqu’à la porte
de la rue. Elle était petite, molle, très larmoyante. Elle ne parlait que de
la dépense occasionnée par la maladie de son mari, du bouillon de poulet,
des viandes saignantes, du bordeaux, et du pharmacien, et du médecin.