【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (97)
– Laisse donc ! ma conscience ne me reproche rien. Je ne dois pas un sou,
je ne suis dans aucun tripotage, j’achète et je vends de bonne marchandise,
je ne fais pas payer plus cher que le voisin… C’est bon pour nos cousins,
les Saccard, ce que tu dis là. Ils font semblant de ne pas même savoir que je
suis à Paris ; mais je suis plus fière qu’eux, je me moque pas mal de leurs
millions. On dit que Saccard trafique dans les démolitions, qu’il vole tout le
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monde. Ça ne m’étonne pas, il partait pour ça. Il aime l’argent à se rouler
dessus, pour le jeter ensuite par les fenêtres, comme un imbécile… Qu’on
mette en cause les hommes de sa trempe, qui réalisent des fortunes trop
grosses, je le comprends. Moi, si tu veux le savoir, je n’estime pas Saccard…
Mais nous, nous qui vivons si tranquilles, qui mettrons quinze ans à amasser
une aisance, nous qui ne nous occupons pas de politique dont tout le souci
est d’élever notre fille et de mener à bien notre barque ! allons donc, tu veux
rire, nous sommes d’honnêtes gens !
Elle vint s’asseoir au bord du lit. Quenu était ébranlé.