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CHAPTER XXVIII

时间:2020-10-13来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:L'hiver arriv, les commandes, les portraits manquant, Anatole fut oblig de descendre aux bas mtiers qui nourrissent l'ho
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 L'hiver arrivé, les commandes, les portraits manquant, Anatole fut obligé de descendre aux bas métiers qui nourrissent l'homme d'un pain qui fait d'abord rougir l'artiste, et finissent par tuer chez tant de peintres, sous le labeur ouvrier, le premier orgueil et la haute aspiration de leur carrière. Il accepta, chercha, ramassa les affaires d'industrie, les travaux de rebut et d'avilissement: les panneaux, dont on déjeune, les paysages de Suisse qui donnent l'argent d'une paire de souliers. Il fit, dans cette misérable partie, tout ce qui concernait son état: des portraits de morts, d'après des photographies; des dessins décolletés, pour la Russie; des dessus de cartons de modes pour Rio-Janeiro. Il accrocha des entreprises de Chemins-de-Croix au rabais, qu'il peignait à la diable, aidé de deux ou trois camarades de l'atelier, avec le procédé des tableaux de nature morte exposés sur le boulevard: chacun était chargé d'une couleur, préposé au rouge, au bleu ou au vert. La Passion marchait ainsi d'un train de poste, et l'on enlevait les stations pour la province au milieu de parodies effroyables et de charges du crucifiement qui mettaient dans la bouche de l'agonie du Sauveur la pratique de Polichinelle!
 
Pourtant, malgré tout, souvent la pièce de cent sous manquait. Mais il finissait toujours par venir un hasard, une chance, quelque occasion; et, dans les moments les plus désespérés, un petit manteau-bleu apparaissait dans l'atelier, un homme providentiel, singulièrement informé des noces et des dèches d'artistes, surgissant le matin devant le lit où ils dormaient encore, et pour le moins d'argent possible, leur achetant deux ou trois esquisses qu'il marquait par derrière d'une pointe à son nom. L'homme à la fabrique, c'est ainsi qu'on l'appelait, était un petit homme, habillé de couleurs sobres, portant des guêtres blanches, les souliers vernis d'un faiseur d'affaires qui a toujours une voiture pour ses courses. Il avait du militaire en bourgeois, un ton net, un air coupant, le teint bilieux, les yeux bridés, le nez d'un garçon de place napolitain, une bouche sans dessin dans une barbe noire. Il faisait son principal commerce de l'exportation des tableaux pour les pays du nouveau monde qui boivent du champagne confectionné à Montmorency. Ses plus gros prix étaient soixante francs; mais il ne les donnait qu'aux talents qui lui étaient sympathiques et aux peintres de style; et de soixante francs il descendait à quatre francs juste pour les petites compositions. Pour peu qu'il crût à l'avenir d'un artiste, il lui faisait faire toutes sortes de choses; il apportait des esquisses pour qu'on les lui finît, qu'on y mît du piquant, qu'on les amenât au joli: il payait cela cinq francs. Il faisait peindre des gravures d'Overbeck sur des toiles de six. Il venait encore souvent avec des panneaux sur lesquels étaient lithographiés des sujets de bergerie, des Boucher de paravent, qu'on n'avait plus que la peine de couvrir. Il traitait vite, ne riait jamais, avait des opinions, s'asseyait devant une copie, critiquait, disait des mots d'art: «C'est creux… ça fait lanterne…,» demandait plus de plis aux robes de vierges, des lumières dans les yeux, du modelé partout, un tas de petites touches «tic comme ça» au bout des doigts et de la conscience, et de l'outremer dans les ciels.
 
Bref, il demandait tant de choses pour si peu d'argent, qu'Anatole, à la fin, préféra travailler pour M. Bernardin.
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