CHAPITRE VII Un thé de fous (3)
« C’est en effet tout un pour vous, » dit le Chapelier. Sur ce, la
conversation tomba et il se fit un silence de quelques minutes. Pendant ce
temps, Alice repassa dans son esprit tout ce qu’elle savait au sujet des pies
et des pupitres ; ce qui n’était pas grand-chose.
Le Chapelier rompit le silence le premier. « Quel quantième du mois
sommes-nous ? » dit-il en se tournant vers Alice. Il avait tiré sa montre de
sa poche et la regardait d’un air inquiet, la secouant de temps à autre et
l’approchant de son oreille.
Alice réfléchit un instant et répondit : « Le quatre. »
« Elle est de deux jours en retard, » dit le Chapelier avec un soupir. « Je
vous disais bien que le beurre ne vaudrait rien au mouvement ! » ajouta-til
en regardant le Lièvre avec colère.
« C’était tout ce qu’il y avait de plus fin en beurre, » dit le Lièvre
humblement.
« Oui, mais il faut qu’il y soit entre des miettes de pain, » grommela le
Chapelier. « Vous n’auriez pas dû vous servir du couteau au pain pour mettre
le beurre. »
Le Lièvre prit la montre et la contempla tristement, puis la trempa dans sa
tasse, la contempla de nouveau, et pourtant ne trouva rien de mieux à faire
que de répéter sa première observation : « C’était tout ce qu’il y avait de
plus fin en beurre. »
Alice avait regardé par-dessus son épaule avec curiosité : « Quelle
singulière montre ! » dit-elle. « Elle marque le quantième du mois, et ne
marque pas l’heure qu’il est ! »