« Et pourquoi l’appeliez-vous Chélonée, si ce n’était pas son nom ? »
« Parce qu’on ne pouvait s’empêcher de s’écrier en la voyant : "Quel
long nez !" » dit la Fausse-Tortue d’un ton fâché ; « vous êtes vraiment bien
bornée ! »
« Vous devriez avoir honte de faire une question si simple ! » ajouta le
Griffon ; et puis tous deux gardèrent le silence, les yeux fixés sur la pauvre
Alice, qui se sentait prête à rentrer sous terre. Enfin le Griffon dit à la FausseTortue,
« En avant, camarade ! Tâchez d’en finir aujourd’hui ! » et elle
continua en ces termes :
« Oui, nous allions à l’école dans la mer, bien que cela vous étonne. »
« Je n’ai pas dit cela, » interrompit Alice. « Vous l’avez dit, » répondit la
Fausse-Tortue. « Taisez-vous donc, » ajouta le Griffon, avant qu’Alice pût
reprendre la parole. La Fausse-Tortue continua :
« Nous recevions la meilleure éducation possible ; au fait, nous allions
tous les jours à l’école. »
« Moi aussi, j’y ai été tous les jours, » dit Alice ; « il n’y a pas de quoi
être si fière. »
« Avec des "en sus, " » dit la Fausse-Tortue avec quelque inquiétude.
« Oui, » dit Alice, « nous apprenions l’italien et la musique en sus. »
« Et le blanchissage ? » dit la Fausse-Tortue.
« Non, certainement ! » dit Alice indignée.
« Ah ! Alors votre pension n’était pas vraiment des bonnes, » dit la
Fausse-Tortue comme soulagée d’un grand poids. « Eh bien, à notre pension
il y avait au bas du prospectus : "l’italien, la musique, et le blanchissage en
sus. " »