CHAPITRE XI Qui a volé les tartes ? (6)
« Je suis un pauvre homme, » continua le Chapelier ; « et les dragées et
les autres choses me firent perdre la tête. Mais le Lièvre dit – »
« C’est vrai ! » cria le Chapelier.
« Je le nie ! » cria le Lièvre.
« Il le nie ! » dit le Roi. « Passez là-dessus. »
« Eh bien ! dans tous les cas, le Loir dit – » continua le Chapelier,
regardant autour de lui pourvoir s’il nierait aussi ; mais le Loir ne nia rien,
car il dormait profondément.
« Après cela, » continua le Chapelier, « je me coupai d’autres tartines
de beurre. »
« Mais, que dit le Loir ? » demanda un des jurés.
« C’est ce que je ne peux pas me rappeler, » dit le Chapelier.
« Il faut absolument que vous vous le rappeliez, » fit observer le Roi ;
« ou bien je vous fais exécuter. »
Le malheureux Chapelier laissa tomber sa tasse et sa tartine de beurre,
et mit un genou en terre.
« Je suis un pauvre homme, Votre Majesté ! » commença-t-il.
« Vous êtes un très pauvre orateur, » dit le Roi. Ici un des cochons d’Inde
applaudit, et fut immédiatement réprimé par un des huissiers. (Comme ce
mot est assez difficile, je vais vous expliquer comment cela se fit. Ils avaient
un grand sac de toile qui se fermait à l’aide de deux ficelles attachées à
l’ouverture ; dans ce sac ils firent glisser le cochon d’Inde la tête la première,
puis ils s’assirent dessus.)