【Emile Zola】Le Ventre de Paris I (61)
– Attendez, dit-il, je vais voir si votre frère est seul... Vous entrerez,
quand je taperai dans mes mains.
Il poussa une porte, au fond de l’allée. Mais, lorsque Florent entendit
la voix de son frère, derrière cette porte, il entra d’un bond. Quenu, qui
l’adorait, se jeta à son cou. Ils s’embrassaient comme des enfants.
– Ah ! saperlotte, ah ! c’est toi, balbutiait Quenu, si je m’attendais, par
exemple !... Je t’ai cru mort, je le disais hier encore à Lisa : « Ce pauvre
Florent... »
Il s’arrêta, il cria, en penchant la tête dans la boutique :
– Eh ! Lisa !... Lisa !...
Puis, se tournant vers une petite fille qui s’était réfugiée dans un coin :
– Pauline, va donc chercher ta mère.
Mais la petite ne bougea pas. C’était une superbe enfant de cinq
ans, ayant une grosse figure ronde, d’une grande ressemblance avec la
belle charcutière. Elle tenait, entre ses bras, un énorme chat jaune, qui
s’abandonnait d’aise, les pattes pendantes ; et elle le serrait de ses petites
mains, pliant sous la charge, comme si elle eût craint que ce monsieur si mal
habillé ne le lui volât.
Lisa arriva lentement.