【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (28)
– La charcuterie valait quinze mille trois cent dix francs, répéta
tranquillement Lisa... Vous comprenez, mon cher Florent, il est inutile de
mettre un notaire là-dedans. C’est à nous de faire notre partage, puisque vous
ressuscitez... Dès votre arrivée, j’ai nécessairement songé à cela, et pendant
que vous aviez la fièvre, là-haut, j’ai tâché de dresser ce bout d’inventaire
tant bien que mal... Vous voyez, tout y est détaillé. J’ai fouillé nos anciens
livres, j’ai fait appel à mes souvenirs. Lisez à voix haute, je vous donnerai
les renseignements que vous pourriez désirer.
Florent avait fini par sourire. Il était ému de cette probité aisée et comme
naturelle. Il posa la page de calculs sur les genoux de la jeune femme ; puis,
lui prenant la main :
– Ma chère Lisa, dit-il, je suis heureux de voir que vous faites de bonnes
affaires ; mais je ne veux pas de votre argent. L’héritage est à mon frère et
à vous, qui avez soigné l’oncle jusqu’à la fin... Je n’ai besoin de rien, je
n’entends pas vous déranger dans votre commerce.
Elle insista, se fâcha même, tandis que, sans parler, se contenant, Quenu
mordait ses pouces.
– Eh ! reprit Florent en riant, si l’oncle Gradelle Vous entendait, il serait
capable de venir vous reprendre l’argent... Il ne m’aimait guère, l’oncle
Gradelle.