【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (29)
– Ah ! pour ça, non, il ne t’aimait guère, murmura Quenu à bout de forces.
Mais Lisa discutait encore. Elle disait qu’elle ne voulait pas avoir dans
son secrétaire de l’argent qui ne fût pas à elle, que cela la troublerait, qu’elle
n’allait plus vivre tranquille avec cette pensée. Alors Florent, continuant
à plaisanter, lui offrit de placer son argent chez elle, dans sa charcuterie.
D’ailleurs, il ne refusait pas leurs services ; il ne trouverait sans doute pas
du travail tout de suite ; puis, il n’était guère présentable, il lui faudrait un
habillement complet.
– Pardieu ! s’écria Quenu, tu coucheras chez nous, tu mangeras chez nous,
et nous allons t’acheter le nécessaire. C’est une affaire entendue... Tu sais
bien que nous ne te laisserons pas sur le pavé, que diable !
Il était tout attendri. Il avait même quelque honte d’avoir eu peur de
donner une grosse somme, en un coup. Il trouva des plaisanteries ; il dit à
son frère qu’il se chargeait de le rendre gras. Celui-ci hocha doucement la
tête. Cependant, Lisa pliait la page de calculs. Elle la mit dans un tiroir du
secrétaire.
– Vous avez tort, dit-elle, comme pour conclure. J’ai fait ce que je
devais faire. Maintenant, ce sera comme vous voudrez... Moi, voyez-vous,
je n’aurais pas vécu en paix. Les mauvaises pensées me dérangent trop.