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【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (3)

时间:2021-11-25来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:Ple-mle, au hasard du coup de filet, les algues profondes, o dortla vie mystrieuse des grandes eaux, avaient tout livr :
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Pêle-mêle, au hasard du coup de filet, les algues profondes, où dort
la vie mystérieuse des grandes eaux, avaient tout livré : les cabillauds,
les aigrefins, les carrelets, les plies, les limandes, bêtes communes, d’un
gris sale, aux taches blanchâtres ; les congres, ces grosses couleuvres d’un
bleu de vase, aux minces yeux noirs, si gluantes qu’elles semblent ramper,
vivantes encore ; les raies élargies, à ventre pâle bordé de rouge tendre, dont
les dos superbes, allongeant les nœuds saillants de l’échine, se marbrent,
jusqu’aux baleines tendues des nageoires, de plaques de cinabre coupées
par des zébrures de bronze florentin, d’une bigarrure assombrie de crapaud
et de fleur malsaine ; les chiens de mer, horribles, avec leurs têtes rondes,
leurs bouches largement fendues d’idoles chinoises, leurs courtes ailes de
chauves-souris charnues, monstres qui doivent garder de leurs abois les
trésors des grottes marines. Puis, venaient les beaux poissons, isolés, un
sur chaque plateau d’osier : les saumons, d’argent guilloché, dont chaque
écaille semble un coup de burin dans le poli du métal ; les mulets, d’écailles
plus fortes, de ciselures plus grossières ; les grands turbots, les grandes
barbues, d’un grain serré et blanc comme du lait caillé ; les thons, lisses
et vernis, pareils à des sacs de cuir noirâtre ; les bars arrondis, ouvrant
une bouche énorme, faisant songer à quelque âme trop grosse, rendue à
pleine gorge, dans la stupéfaction de l’agonie. Et, de toutes parts, les soles,
par paires, grises ou blondes, pullulaient ; les équilles minces, raidies,
ressemblaient à des rognures d’étain ; les harengs, légèrement tordus,
montraient tous, sur leurs robes lamées, la meurtrissure de leurs ouïes
saignantes ; les dorades grasses se teintaient d’une pointe de carmin, tandis
que les maquereaux, dorés, le dos strié de brunissures verdâtres, faisaient
luire la nacre changeante de leurs flancs, et que les grondins roses, à ventres
blancs, les têtes rangées au centre des mannes, les queues rayonnantes,
épanouissaient d’étranges floraisons, panachées de blanc de perle et de
vermillon vif.

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